La sportive de MZ !
12/2004 - 1/2005
Par Ian Kerr

Une M.. quoi ?

Oubliez tout ce que vous en connaissiez auparavant, Ian Kerr met un coup de phare sur la nouvelle offre MZ...
 
La MZ1000S est une vraie nouveauté. Elle est le fruit d'une nouvelle compagnie, qui s'est sortie des difficultés liées à sa privatisation après la réunification allemande.
 
Pour commencer, mettons de côté nos références liées aux deux-temps. MZ a été à l'origine de la naissance des deux-temps et sa première moto date de 1926 sous la marque DKW.
 
Il fut un temps où MZ produisait 60.000 motos par an, ce qui en faisait le plus important constructeur de motos au monde. Sa légendaire RT125 monocylindre a été copiée par BSA sous le nom de Bantam, Harley et Yamaha l'ont copiée également, tellement elle était bonne !
 
Sous les divers insignes de réservoir qui se sont succédés jusqu'au MZ final, ce constructeur a produit quelques-unes des plus grandes motos de compétition, piste et tout-terrain, que le monde a connues. Elles ont gagné des grands prix, ont été appréciées de Mike Hailwood et ont tenu en leur temps le haut du pavé.
 
Les utilitaires comme l'ETS, les 250 TS et ETZ 250 sont devenues des machines cultes après avoir eu les faveurs des banlieusards, du début des années 70 jusqu'à la fin des 80. Economiques à l'emploi, pratiquement indestructibles et s'attachant un fan club fidèle (certains ont même couru avec !), elles faisaient et font toujours partie du patrimoine moto.
 
Ce rappel historique montre à quel point la MZ1000S quatre temps est une nouveauté. Elle est le fruit d'une nouvelle compagnie, qui s'est sortie des difficultés liées à sa privatisation après la réunification allemande.

Fière de son histoire, la nouvelle société possédée par Hong Leong Industries s'est tournée vers le futur. De toute évidence, les contraintes relatives à la lutte contre la pollution et le bruit ont relégué les deux-temps au passé.
 
Pour équiper sa nouvelle sportive, plutôt que de se contenter d'utiliser un moteur Yamaha comme pour de plus petites cylindrées de sa gamme, MZ a conçu son propre propulseur. C'est un choix courageux à tous points de vue et qui mérite d'être applaudi, d'autant plus qu'il s'agit de la première incursion de ce constructeur sur le marché des grosses cylindrées.
 
Le cœur du sujet est donc un bicylindre parallèle quatre-temps à refroidissement liquide, de 998cm3, assorti de quatre soupapes par cylindre, double arbre à cames en tête, et injection. La puissance annoncée est de 117CV avec un couple de 95 Nm à 7.000t/mn, le moins qu'on puisse dire est que c'est pas mal pour un premier essai.
 
Il est monté dans un cadre-poutre en acier au Chrome-Molybdène, qui repose à l'avant sur une fourche inversée de 43mm, entièrement réglable, et à l'arrière sur un bras oscillant relié à un mono-amortisseur. L'ensemble roule sur des jantes originales, 10% plus légères que des 17 pouces conventionnelles. Elles sont chaussées de pneus de section 120/70 (avant) et 180/55 (arrière) pour un grip optimal.
 
Des étriers Nissin mordent les deux disques de 320mm à l'avant, complétés par un simple de 243mm à l'arrière. Sur le papier, c'est plus qu'il n'en faut pour s'occuper des 210kg de la moto, plus son pilote ! L'ensemble est habillé d'un carénage intégral disponible en noir ou argent, anguleux, élégant et très moderne. Heureusement, il n'est pas surchargé d'autocollants voyants ou de sigles, juste un MZ chic sur les côtés avec un petit insigne discret sur le réservoir de 20 litres.
 
Au vu de ces spécifications, MZ a produit une sport-GT bien positionnée vis-à-vis de la concurrence, tant par ses caractéristiques que par son prix. Cela aurait été le cas s'il n'y avait pas eu le "S" dans son nom, qui lui donne une étiquette de sportive. Si on la compare à nouveau, disons cette fois à une Honda Fireblade ou une Yamaha R1, là ça commence à être plus dur.
 
C'est bien dommage car c'est une très bonne moto qui respire la qualité et la personnalité. Il suffit de l'enfourcher et pousser le démarreur, libérant les grondements du twin, pour réaliser que faire un tour à son guidon vaut le coup.
 
Comme avec n'importe quelle Ducati ou équivalent, le simple fait que ce ne soit pas un quatre cylindres face à la route rend la moto intéressante et de caractère. Même si la zone rouge à 9000 tours parait stratosphérique par rapport à, par exemple, un vieux twin Triumph, elle reste peu courante vis-à-vis des grosses sportives d'aujourd'hui.
 
Démarrez et vous réaliserez vite qu'il faut jouer de l'embrayage pour préserver la transmission, particulièrement dans les bouchons, un point que l'usine retravaille déjà au niveau des courbes de paramétrage moteur. En revanche, si vous bénéficiez comme moi d'une autoroute pour la prendre en main et que vous pouvez maintenir le compteur au-delà de 200km/h, tout est parfait !
 
De même si vous prenez la direction de petites routes comme celle des montagnes de Saxe, dans l'ex-RDA où se trouve l'usine, vous réalisez que le comportement est parfaitement neutre et met totalement en confiance. La moto est assez facile à faire virer et se tire très bien des épingles à cheveux, tant qu'on n'en attend pas l'agilité d'une 600 pur sport !
 
Sur ce terrain il faut jouer intensément de la boîte de vitesse et constamment changer de rapport, pour garder le moteur dans les tours et maintenir un rythme rapide. Le besoin d'affiner la suspension s'est également révélé ici, en abandonnant un peu de la douceur qui avait rendu bien confortable le trajet sur terrain plus facile.
 
Aucun problème côté freins et pneus, ils ont suivi le rythme, à l'attaque sur les flancs de collines près de la frontière tchécoslovaque. La disparition progressive de la lumière en fin de journée n'a pas mis en défaut le jeu de projecteurs, moderne et fournissant largement assez d'éclairage pour maintenir une moyenne élevée.
 
Cependant, c'est à des vitesses un peu moins élevées et avec une conduite plus relax que j'ai réalisé que cette moto soutenait mieux la comparaison avec, par exemple, une Honda VFR 800 plutôt qu'avec une Fireblade.
 
Une position légèrement plus droite, un étagement de boîte revu et une paire de valises pourrait en faire la moto idéale pour voyager dans toute l'Europe. Après tout, le rayon d'action dépasse 225 km, et le confort est d'un bon niveau, même s'il manque une poignée de maintien à la selle passager.
 
Elle est élégante, bien finie et s'attire des compliments où que vous l'emmeniez, ce qui favorise les contacts lors des voyages.
 
En l'état, la MZ 1000S est une très bonne moto et elle se fera sa petite place sur le marché, elle plaira aux motards qui aiment cultiver leur différence. Ils trouveront en elle une moto sportive apte à mettre en confiance, mais qui ne vise pas les podiums en compétition.
 
Cependant, avec quelques ajustements mineurs, et en ajoutant un T au S de son nom pour en faire une ST,  elle pourrait rapidement atteindre de bons chiffres de ventes et plaire à bon nombre. MZ a d'ores et déjà annoncé le modèle SF, version naked avec un moteur retouché, MZ est donc bien parti pour s'adapter comme ils l'ont fait tout au long de leur histoire illustre.
 
En attendant, la 1000S telle quelle reste un choix à considérer, car il se pourrait bien qu'elle soit votre moto idéale et vous pourriez être agréablement surpris, tant il s'agit d'une vraiment bonne moto !

Ian Kerr

article original : texte et photos d'illustration, Street Biker numéro 138 : Décembre 2004 - Janvier 2005 sur http://www.streetbiker-mag.com

Copyright Street Biker

retour à la liste des essais MZ 1000S

retour à la home page