La
MZ 1000S 2005
28/1/2005
Par Ken Hutchison
L'aîné des "Deutsch"
Vous
l'ignorez peut-être, MZ existe depuis fort longtemps. Depuis
les
débuts mêmes de l'ère motocycliste, le
constructeur Allemand ayant produit des
moteurs dès 1907. Alors connu comme DKW (Dampf Kraft Wagen),
la compagnie a
commencé à produire des motos
complètes en 1925. DKW a produit 60.000 motos
deux temps par an de 1925 à 1930, devenant l'un des premiers
constructeurs
motos à assurer une vraie production de masse, et fier alors
de se présenter
comme le plus important producteur de motos au monde.
DKW a d'emblée accumulé un nombre impressionnant
de victoires en compétition,
gagnant 45 championnats de toutes sortes, y compris des Grands Prix
dans la
période de 1922 à 1936. Trois
décennies après ses débuts, le nom a
été changé
en Motorradwerk Zschopau ou, plus simplement, MZ. Ewald Kluge, Horst
Fugner,
Alan Shepard, Dieter Braun et Mike Hailwood sont quelques exemples de
pilotes
ayant gagné au guidon de ces machines Allemandes.
Après l'effondrement du mur de Berlin et la
réunification de l'Allemagne, MZ
s'est tourné vers les marchés
Européens et mondiaux. En 1996, le groupe Hong
Leong Industries (de Malaisie) est intervenu en injectant les capitaux
nécessaires pour relancer les ventes de MZ, en
commençant par le modèle
Skorpion, le mono 660cm3
à moteur Yamaha. Les petites cylindrées ont
été la
pierre angulaire du constructeur depuis ses tout débuts,
mais pour s'adapter à
la demande mondiale, MZ a dessiné et construit son premier
gros cube, la
MZ 1000S.
La 1000S est construite autour d'un bicylindre en ligne de 998cm3,
serti dans
un cadre-treillis double-tubulaire au chrome-molybdène, et
habillée d'un
carénage moulant aux lignes fuyantes dont les traits
semblent de la même main
que ceux de l'avion furtif F117.
Bien qu'elle soit disponible en Europe depuis quelque temps, la grosse
MZ
arrive seulement maintenant chez nous. MCUSA a eu
l'opportunité d'essayer sa
dernière version à Phoenix, Arizona, à
l'occasion de la Firebird International
Raceway.
A première vue cette moto est une belle
mécanique. On y reconnait le
savoir-faire Allemand, de par son nez de carénage
aérodynamique avec ses quatre
feux soigneusement répartis, son réservoir
arrondi et son arrière anguleux, et
jusqu'au cadre mat et aux jolies roues à trois branches. La
position spatieuse
qu'elle offre au pilote est légèrement sportive,
mais le poids annoncé de plus
de 225kg en fait une moto quelque peu imposante.
Lors du briefing technique, John Stoddart, le patron de MZ
Amérique du Nord,
nous a décrit la 1000S comme une GT à tendance
sportive. Il a poursuivi son
discours par un intéressant historique de la marque, ce qui
a aiguisé notre
intérêt pour le nouveau modèle.
Bien que la présentation presse ait lieu sur piste, la moto
était équipée de
pneus mixtes sport-GT homologués route, il
n'était donc pas question de record
du tour. Ce point réglé, le sinueux circuit FIR
s'est avéré bien agréable pour
mettre en évidence les points forts et défauts de
la moto.
Sur la piste, la 1000S et ses suspensions douces s'est
montrée onctueuse. Le
bicylindre distille sa puissance de façon
linéaire, sans pic de puissance
sensible à quelque régime que ce soit. En
maintenant le compte-tours au-dessus
de 6000 t/mn, la moto accélère comme une bonne
sport-GT, sans plus. Sa boîte à
six rapports est précise, mais elle claque un peu au passage
des premiers
rapports.
Le freinage s'effectue sans effort grâce aux disques avant de
320mm et aux
étriers 4 pistons Nissin ; un étrier
double-pistons mord le disque arrière de
243mm. Les freins avant font un excellent travail pour ralentir cette
moto
massive, même à haute vitesse. L'attaque initiale
est douce, heureusement pour
la fourche, un peu trop molle pour supporter plus.
Durcir la fourche pour un usage piste s'est avéré
vain. La fourche Marzocchi
entièrement réglable est apparue trop faible en
suspension et trop peu amortie
pour l'usage piste, quelque soit le réglage
essayé. Même en essayant
l'exemplaire spécialement réglé pour
le pilote de Sport Rider,
je l'ai
trouvée trop molle pour tenter plus qu'un rythme soutenu.
L'avant m'a paru
imprécis, probablement faute d'amortissement en phase de
compression, je ne me
suis pas senti en confiance pour la pousser à ses limites.
Effectivement, comme
on nous l'avait indiqué, c'est une moto conçue
pour la route en usage GT, et
non une moto de piste.
Malgré ces regrets, j'ai pris beaucoup de plaisir
à rouler avec la 1000S. Elle
est très stable, et point important, confortable,
même après plusieurs heures
de circuit. Le poids ne s'est vraiment fait sentir que lors de
transitions
rapides nécessitant de basculer la moto d'un
côté à l'autre, mais rien de
vraiment gênant. Les repose-pieds sont suffisament hauts pour
préserver la
garde au sol, et les demi-guidons relativement hauts m'ont
évité de souffrir de
mon dos. La protection du carénage est excellente pour peu
qu'on s'abrite bien
derrière, et toutes les commandes et instruments sont
là où on s'attend à les
trouver (à la différence de l'autre constructeur
Allemand).
A la réflexion, il m'est apparu que cette moto
était capable de donner entière
satisfaction sur piste à un conducteur moyen. Mais
n'étant pas une pure
sportive, il me restait à voir son
comportement sur route.
MZ positionne sa 1000S comme une GT à tendance sportive,
j'ai donc décidé de
revoir mes appréciations en restant une journée
de plus à Phoenix, pour ajouter
quelques centaines de kilomètres de route au compteur du
gros twin, en espérant
trouver réponse aux quelques interrogations nées
lors de l'essai sur circuit.
Mon
exemplaire d'essai était équipé de
sacoches souples issues du
catalogue MZ, relativement petites mais suffisantes pour les diverses
choses
que je voulais emporter. J'emmenais en passagère ma soeur
(et photographe)
Andrea, heureusement Larry Williams du journal Moto-Euro a eu la
gentillesse de
nous prêter des tenues de route adaptées au froid
qu'on allait rencontrer dans
les montagnes au-delà de la Sun Valley. Une fois nos soutes
bourrées
d'appareils-photo, de sur-vestes, de barres
énergétiques et de bouteilles
d'eau, nous étions prêts à partir.
Le parcours choisi, une fois sortis de la sinueuse autoroute 88, nous
emmenait
au-delà des Lost Dutchman Mountains et jusqu'à
Canyon Lake et Tortilla Flats,
des destinations couramment appréciées des
motards. La première partie du
trajet était environ une heure de route sur la voie rapide
360, partant de
Phoenix et nous extirpant vers l'est de la métropole
grouillante, en direction
des terres sauvages du désert de Sonoran.
La moto a parfaitement absorbé les imperfections de
l'autoroute, offrant un bon
confort sur le ruban d'asphalte et béton quelque peu
bosselé. Comme je
l'imaginais, la fourche Marzocchi et le combiné
arrière Sachs se sont rachetés
sur ce trajet. Les vibrations dans les demi-guidons sont
restées minimes
au-delà de 130km/h, ce qui est un très bon point
pour ceux qui envisagent de
longs trajets avec la MZ. Peu ou pas de vibrations en dessous de 130.
Les rétroviseurs cependant s'avèrent à
peu près inutilisables. Ils offrent un
excellent champ de vision arrière, mais ils ne supportent
pas les vibrations
produites par les grosses gamelles de 96mm : ils sont troubles en
permanence.
Une fois rendue dans le canyon de Superstition Mountain, la 1000S a
parfaitement fait son boulot de sportive. Elle tient sa trajectoire
sans
hésitation, se balance aisément d'un
côté à l'aute, et offre suffisament de
puissance pour se faire plaisir. Le petit excès de poids de
la moto se ressent
beaucoup moins sur route que sur circuit, elle m'a fait penser
à une Suzuki
TL1000R avec moins de couple.
Le défaut principal remarqué lors de ce parcours
routier est la présence de
méchants à-coups de transmission à
basse vitesse. Le problème est apparu
lorsqu'on s'est retrouvés coincés dans un bouchon
sans dégagement possible
pendant plusieurs kilomètres. C'est la seule situation dans
laquelle la moto
s'est montrée désagréable. On a fait
teuf-teuf à bas régime en première, au
point que ma passagère s'est inquiétée
de savoir si la moto avait un problème.
Un coup de fil à Neale Bayly de MCUSA, lequel dispose d'une
MZ 1000S depuis
longtemps, a confirmé que ce n'était pas un cas
isolé. Sa solution a été
d'adapter un plus grand pignon arrière pour limiter les
secousses et gagner un
peu de la gniac à bas régime qui manque au
modèle stock. Pour plus d'infos,
lisez le premier
essai de Neale sur la MZ 1000S
modèle 2004.
Globalement,
j'ai trouvé le design de la MZ un peu trop timide. Il lui
manque le coup de crayon nécessaire pour vraiment sortir du
lot des café-racers.
Moi je la verrais bien sans le carénage, avec un phare au
look agressif et un
guidon Renthal, dans le genre street-fighter. D'ailleurs MZ a
dévoilé une
version dans ce style lors du salon Intermot 2004, on peut donc
s'attendre à
voir ce prochain modèle débarquer dans les
concessions.
A la question : "c'est quoi la MZ 1000S ?", la réponse est
simple.
C'est une alternative aux sport-GT ordinaires qu'on croise à
chaque coin de
rue. Elle est différente et elle l'assume. Son twin
parallèle offre une puissance
lisse et bien utilisable, son ergonomie la rend agréable
pour un usage au
quotidien. Son cadre tubulaire et son carénage
évoquant un avion furtif la
distinguent nettement des autres motos.
Si j'avais ma propre 1000S, je remplacerais le pignon
arrière par une taille
au-dessus pour réduire les à-coups de
transmission, et je chercherais un moyen
de limiter les vibrations aux rétros. Ensuite, je
m'attaquerais à améliorer les
suspensions. Avec ces quelques changements mineurs, la moto serait
nettement
meilleure.
Telle que livrée à l'état stock, la MZ
1000S est une bonne sport-GT. Si vous
êtes amateur de sport-GT mais n'aimez pas retrouver 4 ou 5
machines similaires
à la vôtre lorsque vous vous garez à
votre destination favorite, alors vous
devriez songer à la MZ 1000S. Sa puissance facile
à utiliser, sa position de
conduite confortable, son design unique, son prix concurrentiel de
10.995 $, et
sa garantie de deux ans en font une moto digne
d'intérêt.
article
original : texte et photos d'illustration,
sur http://www.motorcycle-usa.com
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