Le Col de Romeyère

dans le Vercors

Premier week-end d'octobre, l'Amicale organise son A.G. dans le massif du Vercors. De travaux programmés en éboulements, les accès vers le Col de Romeyère (1.074m) sont annoncés limités avec plusieurs routes (de montagne !) coupées. Cette sortie est un gros morceau, 1.200 km à prévoir pour le week-end complet partant de la région parisienne : je découpe donc le trajet, en réservant le vendredi et le lundi pour rouler, moyennant deux bivouacs intermédiaires.

Le rendez-vous à FontainebleauEn fin de matinée de vendredi, je retrouve Philippe à Fontainebleau pour tailler la route à deux attelages. Le temps d'un petite pause café-thermos avant de démarrer, nous avons la surprise de voir s'arrêter deux amicalistes en partance pour la même destination ! Pas encore partis, et ça sent déjà bon le rassemblement ... Nous ne ferons toutefois pas la route ensemble, leurs attelages sont équipés de moteurs BMW et de ponts solo (braquet long), ce qui leur permet de croiser 20 bons km/h plus vite que nos Ourals à moteur en chalutier Russe recyclé. Du coup, ils prévoient de coucher sur place le soir même, voilà qui reste ambitieux ! Nous leur disons "à demain ... midi !" et les voilà partis devant nous sur la RN6.

Le temps est maussade, il bruinasse : à l'occasion d'une pause casse-croûte j'enfile la tenue de pluie avant de voir l'humidité s'installer. Philippe aurait pu tenir un temps à l'abri de sa machine bien équipée (parebrise, pare-jambes, tablier et manchons), mais il profite de l'arrêt pour enfiler un pantalon de pluie. Il peste contre la doublure qui refuse de suivre le mouvement d'enfilage en s'accrochant aux semelles crantées de ses bottes, mais ne regrettera pas l'investissement : en arrivant à Châlon-sur-Saône la bruine tourne à la pluie orageuse, bien drûe et bien violente, avec par moments des grêlons fondus, et cette saucée nous accompagnera sur environ 65 km jusqu'à une vingtaine de bornes avant Bourg-en-Bresse. Philippe me signale que l'Oural fonctionne à l'injection d'eau, et nos deux machines commencent à ratatouiller tout en levant des nuages de vapeur au gré des chutes d'eau sur les cylindres et les échappements. Miracle, nous sortons de la crasse vers 19h, juste au moment où nous commençons à chercher un recoin pour planter nos tentes. Un champ herbeux abrité par une bonne haie fera l'affaire : dîner-popotte, bière et dodo vers 21h.

Le lendemain matin, Philippe a souffert de l'humidité dûe à la condensation dans sa tente légère auto-dépliante (elle n'a pas de double-toit) ; en revanche la température est restée identique à la veille, autour de 8 à 9°C et nous n'avons pas eu froid. Il nous reste environ 180 km à faire, c'est OK pour arriver à l'heure du déjeûner. Après une purge en règle des cuves de carbus, pour éliminer l'eau ingurgitée la veille, nous abordons des routes plus sympas : virolos et paysages montagneux sont au programme, jusqu'au point d'orgue de la montée de la route des Ecouges partant de Port St Gervais et menant au Col de Romeyère. Quel plaisir de monter vers le ciel en tournoyant sur une petite route de montagne ! Cascades, tunnels rocheux non éclairés, certains passages sont exceptionnels.
 
Col de RomeyèreL'approche du Col finit dans l'humidité du plafond de nuages, et nous voilà rendus, fatigués, mouillés mais heureux au milieu d'une bonne quarantaine de sidecars vides de leurs équipages, tout le monde étant déjà passé à table à l'intérieur du gite. Nos compères aux moteurs BMW sont bien là, ils nous narrent une arrivée dantesque, sous la neige à trois heures du matin, avec les éclairages en panne (ça reste des motos Russes !). Nous ne regrettons pas notre dodo sous la tente ...

Belle ballade l'après-midi : nous redescendons, parfois debout sur les freins, la route par laquelle nous avions accédé au Col, pour une visite au musée de la noix, spécialité locale. Bon d'accord, la noix on s'en fout un peu ... mais la visite permet de découvrir ou redécouvrir ce que pouvait être la vie paysanne autour des travaux pour la cultiver, mélange de dureté, pauvreté, mais aussi de bonheurs simples, solidarité et traditions. Je note au passage la recette du vin de noix :
Prendre 40 noix vertes récoltées à la St Jean (24 juin, OK, il faut respecter les saisons). Les couper en morceaux et les glisser dans une bonbonne de verre. Les mettre à macérer durant 40 jours dans un litre d'eau-de-vie (mmmmhh ... ça devient intéressant cette affaire). Filtrer en dehors de la nouvelle lune (là, ça devient un peu ésotérique !), y ajouter 5 litres de vin rouge et 1kg de sucre (slurp !). Laisser mûrir 40 jours (et après, faut tout boire rapidos ??).

pôt à l'Albenc

La fin d'après-midi se négociera autour d'un pôt magistral organisé par Jean-Pierre avec l'appui de la municipalité de l'Albenc. Charcuterie, gateaux variés dont -bien sûr- au noix, boissons variées, tout cela avec le soleil et sur une place qui nous a été réservée, quel accueil ! Un grand merci à tous les contributeurs à ce moment convivial.

Nous remonterons ensuite au gite pour exercer la vie de l'association au travers de son Assemblée Générale. Comme d'habitude l'exercice est un peu surréaliste, ça gueule, le Préz secoue ses troupes, y'a plein de suggestions auxquelles la réponse est systématiquement "Niet !" (ce sont de fausses bonnes idées), le PolitBüro s'annonce quasi intégralement démissionnaire et se retrouve illico réélu en l'état (et à vie). Bon ... ça c'est fait. A la bouffe maintenant ; en apéritif il y a ... vin de noix. Dans l'ambiance et le contexte, ça se laisse boire, mais finalement je ne suis pas sûr de suivre ma recette et d'en faire cinq ou six litres, ça risque d'être dur à écouler ! J'ai préféré le whisky de Jeff, sorti bien frais du coffre de son Pustinja peu auparavant. A la fin du dîner (excellent), Philippe se fait fort d'écouler la poire super-forte (mais méga-bonne !) que Henri (qui roule en R75 d'époque) a amenée dans une grande bouteille d'eau minérale, moyennant quoi en retour les autres tables nous font goûter de la prune puis même de l'abricot (amené par Jacques Doge, une spécialité Suisse ?). Avec tout ça on est sûrs de bien dormir.

Monstres des AbyssesAprès une nuit bien en dessous de zéro en altitude, nous repartons en ballade par la route forestière des Coulmes, ça grimpe bien jusqu'à 1.400m et le trajet est partiellement verglacé. Il fait grand soleil au travers des arbres, c'est magnifique, et nous redescendons vers Pont-en-Royans pour y visiter le musée des eaux.

Le musée est sympa, nous apprécions notamment la projection en relief du court-métrage "Monstres des Abysses" ; Jean notre doyen et amateur de photographie en relief apprécie particulièrement cette pause à la fois culturelle et spectaculaire. A la fin de la visite, surprise : il y a bar à eaux ... C'est joli, toutes ces petites bouteilles du monde entier, mais le succès auprès de notre groupe reste mitigé. La barwoman est occupée, du coup je vais chercher, bien glacée dans mon coffre, une bouteille qui peut faire discrètement illusion, et je propose une tournée d' "eau de Georgie" (Eristoff ...). Y'a des adeptes.

L'heure tourne, certains partent directement pour leur trajet retour, nous remontons déjeûner au gite par les gorges de la Bourne. Un motard local (immatriculé dans l'Isère, 38) nous accompagne sur la bonne route avec sa jolie petite Royal Enfield Trial. Encore une route magnifique sous un soleil radieux, nous sommes en veine ! Je roule en la charmante compagnie de Sophie, qui a élu mon panier pour la ballade, et qui s'endort dans la montée vers Rencurel : il y a certes la fatigue et la douceur du soleil, mais j'y vois aussi une preuve de confiance qui me fait chaud au coeur. Le groupe a déjà fondu de moitié au moment du repas, et vers 15h tout se vide : c'est qu'il y a de la route pour tous ! Philippe et moi repartons ensemble, à peu près au même rythme qu'à l'aller, soit calés aux environs de 75 km/h. Quatre heures plus tard, nous montons notre dernier bivouac quelque part en Bresse, la nuit sera douce et le retour sans encombres le lendemain. Plus de photos ? C'est par là !

Le chemin des Dames 2008

Comment occuper un de ces week-ends un peu tristres de décembre, lorsque la météo est déjà bien maussade, et que les fêtes de fin d'année n'ont pas encore commencé ? En rejoignant Jean-Phi et Sylvie et leur seconde édition de l'hivernale à Vauxaillon, pardi !

Un rassemblement annoncé "à l'arrache", ce qui sous-entend confort et organisation minimalistes. Vue la période de froid, rouler pour aller camper sous la toile sans plus de cérémonie, y'en a certainement qui nous rangeront dans la catégorie des doux dingues. Et pourtant ...

J'assume le plaisir un peu égoïste d'être à contre-courant de la masse ; de croiser, hilare, des conducteurs renfrognés pelotonnés au chaud dans leur auto, à mille lieues de comprendre notre plaisir de fendre la bise à 80 km/h sur des véhicules réminiscences d'un passé révolu.

J'aime le sourire un peu émerveillé, un peu envieux, du gamin à l'arrière de cette même auto, pour qui nous rompons quelques secondes l'ennui d'un trajet sans relief dans un confort mollasse un peu écoeurant.

Je savoure le partage de l'épreuve et des satisfactions avec Alex, compagnon de route sur cette sortie ; à deux attelages nous représentons déjà un petit convoi renforçant l'incongruité de la situation, d'autant que Montana, copilote canin d'Alex, attire à lui seul bien des regards. Pas besoin de se parler en roulant, quelques signes ou attitudes suffisent à la complicité.

Apothéose de l'arrivée, mêlant satisfaction de la route accomplie et excitation des retrouvailles ou rencontres simples mais chaleureuses. Plaisir originel de partager quelques nouvelles, quelques astuces technico-rustiques, quelques victuailles ou un peu de si rare donc valeureuse chaleur d'un feu de bois.

Douceur de vivre quelques moments loin d'une vie moderne trépidante, sans organisation contraignante, au gré d'un jour déclinant remplacé par quelques lampions et égayé par la musique qui donne ...



Envie d'en voir un peu plus ? c'est par ici !





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