Heureux
utilisateur
d'un Triban 5 depuis
mai 2003, j'ai constaté que ce vélo original me
valait un
certain intérêt et de nombreuses questions.
D'où
une petite page à ce sujet !
C'est un beau vélo, racé, conçu pour
un usage
urbain tonique, voire sportif.
La position due au guidon VTT équipé de
"bar-ends"
procure une bonne visibilité sur la circulation, et un bon
contrôle de la direction.
Les pédales sans cales automatiques autorisent de poser le
pied
à terre à tout moment.
Le cadre aluminium ( type 6061 ) et la fourche droite au
chrome-molybdène sont à la fois solides et
relativement
légers ; les roues costaudes à gros pneus lisses
supportent les passages rapides sur pavés et les sauts de
bordures de trottoir.
Le freinage, composé d'un V-brake arrière et d'un
disque
avant simple piston commandé par câble, est
très
sécurisant. Je craignais avant l'achat un peu de
brutalité au niveau du disque, mais non : le feeling
s'avère excellent et la puissance, raisonnable, n'est pas
affectée sur le mouillé, ce qui est
très
appréciable.
Le moyeu Shimano Nexus à sept rapports me vaut le plus de
remarques et questions. "Tiens, t'as monté un frein
à
tambour de mobylette ?" Bin non ! Ce système est vraiment
adapté à la ville. Les freinages
appuyés y sont
courants, lorsque des obstacles surgissent ou simplement des situations
à risque. On peut alors rentrer plusieurs rapports d'un coup
(
la sélection est par poignée tournante ), sans
pédaler, y compris donc quand on est à
l'arrêt
total, et repartir efficacement sur un rapport court. Voilà
qui
évite les tentations dangereuses de "passer" pour
s'éviter une relance pénible à
l'arrêt sur
le grand plateau d'un vélo de course !
L'efficacité des
démarrages départ arrêté est
impressionnante,
grâce à la première courte que je
remets
systématiquement et grâce à
l'enchaînement
rapide des rapports suivants. Il m'arrive fréquemment de
lever
la roue avant involontairement ! Avec les roues de 700 fournies pour ma
taille de cadre (L) et les pneus d'origine (35), les
développements disponibles vont de 3,14 à 7,65
mètres. Une gamme de développements et un
échelonnement très proches de ce qu'on pouvait
obtenir
avec un vélo à cinq pignons et double plateaux,
qui ne
déparait pas sur route dans les années 70.
L'ensemble est
un poil plus court que pour un vélo routier, mais c'est
parfait
pour la ville.
Après
quasi deux ans
d'utilisation et environ 7.000 km de ville,
comment
tout cela a-t-il vieilli ? Plutôt bien : je viens de changer
les
garnitures du V-brake, d'origines mais usées au maximum,
quant
aux plaquettes de frein elles sont encore bonnes pour
peut-être
six mois de plus. J'ai huilé une fois, récemment,
le
sélecteur de rapports au guidon,
légèrement grippé après un
trajet sous une
grosse averse. Un an et demi après l'achat, j'ai
été embêté par quelques
couinements
désagréables au pédalage ; j'ai
suspecté et
donc changé le boîtier avec ses roulements d'axe
de
pédalage, mais sans succès : cela venait donc du
moyeu
Nexus, pas cool ! Je n'étais pas chaud pour le
démonter,
et surtout pas du côté droit où se
trouvent le
pignon arrière et le complexe système de
sélection. Je l'ai donc attaqué
côté gauche
; fort heureusement après avoir
dévissé les
premiers écrous maintenant l'axe de roue j'ai
constaté
que l'axe pouvait jouer de quelques millimètres, ce qui
ouvrait
un passage suffisant (au niveau de la cage à billes) pour graisser sans démonter plus ! J'ai
injecté de la graisse liquide en bombe aérosol
jusqu'à en voir couler de l'autre côté
du moyeu,
refermé le tout, le problème était
réglé et n'est pas réapparu depuis. A
la
même époque, j'ai
changé la chaîne qui fatiguait nettement, et qu'il
faut
penser à retendre et bien sûr graisser
régulièrement. C'est tout !
Les limites et défauts de ce vélo : difficile de
suivre
à l'occasion un peloton qui "visse", entre le poids
nettement
supérieur à un "course", le rendement moindre des
gros
pneus et l'espacement des rapports qui ne supporte pas la comparaison
avec des pignons étagés dent par dent ! Pas de
problème en revanche pour une sortie conviviale, quelque
soit le
relief abordé.
Le moyeu Nexus semble à l'oreille parfois souffrir sur les
efforts explosifs ( craquements audibles ) ; avec mes plus de 80kg, au
démarrage, je sens que je lui mets parfois un couple
à la
limite du supportable ( rigolez pas, il m'est arrivé une
fois,
avec un vélo course, sur une relance violente en
côte, de
plier le grand plateau et chuter, pédalier bloqué
par les
dents du plateau coincées dans le cadre ! ). On pourrait
aussi
croire le moyeu sans entretien, le mécanisme
étant bien
abrité et pas vraiment accessible, mais il faut visiblement
le
lubrifier de temps en temps, disons une fois par an au moins. Faute de
dérailleur maintenant la tension de chaîne, il
faut la
régler régulièrement comme avec une
moto ; et
faute de serrage rapide sur l'axe arrière il faut en
permanence
avoir une petite clé. Les quelques crevaisons à
l'arrière que j'ai dû réparer n'ont en
revanche pas
été trop compliquées à
gérer : le
câble de sélection se désolidarise et
se remet en
place aisément, le mécanisme n'a jamais
réclamé à être
re-réglé, je
craignais pire.
Fin 2005, vers 8.000 km et comme prévu au paragraphe
précédent, j'ai dû changer les plaquettes de frein
de l'étrier Tektro, en remarquant que la plaquette mobile
(côté piston) s'est usée plus que la fixe
(côté vis de réglage). Logique, la fixe n'est
sollicitée qu'une fois le disque plaqué contre elle par
la plaquette mobile, laquelle travaille donc toujours
légèrement en premier. Les permuter à mi-course me semble donc une bonne idée.
A noter que le réglage régulier du poussoir fixe, avec
une petite clé Allen côté moyeu de roue, est
indispensable pour obtenir les performances correctes de ce frein
à disque. La plaquette fixe doit lécher le disque au plus
près, sans bruit ni frottement bien sûr. Le premier jeu de
plaquettes acheté chez Decathlon n'était pas
adapté, quoique correct en apparence au vu de la forme
côté garnitures, visible au travers de
l'emballage : de l'autre côté, au dos de la plaquette, le
support métallique était plat ; alors qu'un téton
de centrage présent de chaque côté de
l'étrier doit pouvoir s'encastrer dans un creux
correspondant au centre de la plaquette. J'ai dû retourner au
magasin, un autre exemplaire en rayon du même jeu de plaquettes,
même emballage et mêmes références,
contenait la bonne version avec les creux nécessaires, et j'ai
obtenu l'échange sans difficulté.
Fin
2006 : trois ans et demi d'utilisation ont passé, et j'estime
que le vélo a passé largement le cap des 10.000 km. La
roue arrière tourne désagréablement depuis peu,
donnant une impression de faux-rond ou voile, mais ce n'est pas
ça : il y a en plus des bruits louches, ça "graillonne"
dans le moyeu. Roulement HS ! Je n'estime pas justifié de
réinvestir dans une roue à moyeu Nexus, compte-tenu du
vieillissement général du vélo. Au mieux, à
temps perdu, je tenterai le démontage du moyeu, par
curiosité et pour voir si les roulements morts peuvent
être remplacés. Pour l'immédiat et reprendre mes
trajets à moindre frais, j'adopte une solution qui a le
mérite de conserver sa beauté au vélo : une roue
neuve toute simple avec une roue libre et un pignon ! Compte-tenu du
plateau de 42, je choisis un pignon de 17, soit un développement
fixe de 5,24m qui reste agréable entre 25 et 30 km/h. C'est
court, mais c'est un bon compromis pour la ville où il faut
souvent relancer. Le montage est tout de même un peu
délicat, car le moyeu Nexus particulièrement large
impliquait une ligne de chaîne relativement excentrée vers
la droite. Il a donc fallu remplacer le boîtier d'axe de
pédalage par un modèle plus court, et ramener le
plateau plus proche encore du cadre par quelques rondelles en guise
d'entretoises, afin de l'aligner sur le pignon accolé au nouveau
moyeu. L'axe de roue fourni à serrage rapide a également
dû être remplacé par un axe à pas de vis,
pour remettre un serrage par écrous, nécessaire au
réglage de la tension de chaîne (l'axe de roue ne vient
pas en butée dans les fourchettes du cadre, donc il faut le
maintenir en place par serrage puissant).
A
l'usage cette configuration n'est pas désagréble : les
démarrages sont évidemment moins percutants (je suis
désormais très loin de lever la roue avant !), mais
le gain de poids sensible offre une petite compensation. L'usage
a perdu en polyvalence, mais comme je dédie ce vélo
à mes trajets urbains cela ne me gêne pas (j'ai un beau
"course" pour les sorties sportives, plus un vieux VTT). Et le
développement fixe permet de varier utilement le type
d'entraînement, obligeant à des efforts cardio-musculaires
différents des pratiques lissées par les changements de
vitesses, c'est utile notamment sur des terrains relativement plats. Le
Triban commence ainsi une seconde vie !
Début 2008 : fin de l'histoire ! Le Triban approchait son
5ème anniversaire et environ 14.000 km ... A la sortie des
bureaux, ce soir là, je ne l'ai pas retrouvé, même
pas trace des deux antivols sectionnés ... S'il n'a pas fini en
pièces revendues à vil prix, avec sa configuration
mono-vitesse, je souhaite de bonnes cuisses à celui qui voudra
s'en servir ! Promis, le prochain sera un utilitaire bien lourd, bien
rustique, mocheton pour moins tenter les malfaisants ; en plus je vais
le pourrir d'entrée à la bombe de peinture et lui coller
un antivol moto, un U homologué "mutuelle des motards" ! Il sera
lourd à emmener, mais bon, le vélo c'est aussi et surtout
pour faire du sport, et mon "course" ne m'en paraîtra que plus
léger en comparaison !
Et
je vous présente le résultat : c'est un Railway 4 de
chez Go Sport, 16,5 kg nu (acier Hi-Ten), noir d'origine ...
Un coup de noir sur les marques et décos, puis des touches
de vert ; en espérant dégoûter les voleurs ...
C'est un vélo plutôt bas de gamme que je ne regretterai
pas beaucoup en cas de vol. Le "mécano" me le remet à
l'achat freins mal
réglés et axe de roue avant non serré ; de
même pour une pédale qui se dévissera et foirera
à moitié son filetage. La patte de dérailleur est
beaucoup trop faible, le métal se tord au moindre choc ou
contrainte. La dynamo à corps plastique chauffe en seulement
deux km, durcit et ripe sur le pneu ; après refroidissement elle
refonctionne mais resserre après cinq minutes d'utilisation. Je
l'ai remplacée par une de qualité standard, à
corps aluminium qui élimine mieux la chaleur, et qui ne me pose
plus aucun problème. Après seulement 4 mois et
environ 1.500 km de trajet
boulot-dodo, les rayons commencent à pêter à
l'arrière ; les têtes de rayons ne sont même pas
encastrées bien à plat dans leur logement. Les rayons
neufs que je monte sont de bien meilleure qualité, la
différence saute aux yeux. Pour autant, la jante a souffert et
quoique dévoilée présente un méplat
désagréable au roulage, donc après le 4ème
rayon cassé je change carrément la roue pour une de
meilleure qualité. Au même moment, le boîtier d'axe
de pédalier a pris du jeu, les roulements sont
déjà HS ; je fais changer le mécanisme pour un de
qualité normale chez un vrai vélociste ! Un vélo
bien médiocre donc, mais qui remplit cette part du contrat qui
est de ne pas tenter les voleurs !
Qui veut savoir comment fonctionne le changement de rapports Nexus ?
Sur
le principe, c'est un
système à planétaire et satellite ( le
satellite
tourne autour de la planète, comme la Lune autour de la
Terre ).
D'aucuns disent un système à
épicycloïdes,
mais ne compliquons pas !
Le planétaire et le satellite sont des engrenages ( les
dentures
ne sont pas représentées sur le
schéma, elles ne
changent rien à l'affaire ).
Le satellite est entraîné directement par le
pignon
arrière, donc par le pédalier via la
chaîne. Comme
le satellite engrène le moyeu de roue par
l'intérieur, le
déplacement du satellite sur son "orbite" entraîne
une
rotation du moyeu dans le même sens. Mais de plus, le
satellite
engrène aussi sur le planétaire, qui lui ne
tourne pas :
le
satellite est donc obligé de tourner sur lui-même
! Le
moyeu tourne donc finalement avec non seulement la vitesse "orbitale"
du satellite, mais avec en plus la vitesse due à la
rotation du satellite sur lui-même, laquelle va
dépendre
du rapport de taille planétaire/satellite. Dans l'exemple
schématisé, le petit satellite doit faire
beaucoup de
tours sur lui-même pour orbiter autour du
planétaire, donc
le moyeu tourne nettement plus vite que le pignon arrière
entraînant le mécanisme : il s'agit d'un rapport
long. Si
en revanche on imagine un petit planétaire et un gros
satellite,
le satellite n'a pas besoin de beaucoup tourner sur lui-même
pour
orbiter, le moyeu tourne à peine plus vite que le pignon, il
s'agit d'un rapport court.
Pour
varier les
développements, il suffit donc de varier les rapports entre
les
deux trains d'engrenages planétaire et satellite. Le
satellite
est monobloc, tous ses pignons tournent à la même
vitesse,
le plus grand est celui engrenant le moyeu pour
l'entraînement de la roue. En revanche, les pignons du
planétaire tournent indépendamment les uns des
autres, et
seul l'un deux est verrouillé sur l'axe de roue par le
mécanisme de sélection. L'axe de roue est fixe (
boulonné au cadre ) . Dans ce schéma
simplifié
à trois rapports, c'est le développement le plus
court
qui est enclenché. Les deux plus grands pignons du
planétaire tournent librement sur leur axe, donc n'influent
pas
sur le comportement du satellite. On constate certains des avantages et
inconvénients du mécanisme : la
sélection
étant au niveau de l'axe de roue, fixe, n'est pas
affectée par le mouvement ou l'arrêt du
mécanisme ;
et tous les rapports sont enclenchés en continu ce qui
assure un
passage aisé et rapide des rapports. En revanche, il y a
beaucoup de pièces en mouvement donc plus de frottements et
un
peu plus d'inertie également, et l'ensemble reste complexe.
D'autant que tout n'est pas représenté sur ce
schéma, par exemple pour équilibrer et
répartir
les efforts de pédalage il n'y a pas un mais plusieurs
satellites ( j'ai tout de même
représenté une
"fourchette" à deux axes satellitaires
entraînée
par le pignon de roue ).
Les anciens mécanismes de sélection "à
la
hollandaise" fonctionnent par tirage central ( une chaînette
sort
de l'axe de roue creux ) ; le nexus utilise une sorte d'arbre
à
cames pivotant autour de l'axe de roue et qui, selon sa position
angulaire, repousse ou libère des taquets de verrouillage
fixant
ou libérant chaque pignon planétaire. Il est bon
de
soulager l'effort de pédalage à l'instant du
passage de
rapport, afin que les ressorts de rappel puissent agir sur les taquets
libérés mais encore en prise.
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