Mes machines de niveau "joueur occasionnel"

Fidelity Sensory Chess Challenger 6

Année : 1982
Programmeur : Ron Nelson
CPU : 8048 @11Mhz
ROM : 4Ko
Niveau Elo : 1212
(1300 FIDE)
CMhz : 0,85
Rperf : 73%
Taille de case : 2,5cm

Un échiquier électronique relativement anodin, puisqu'ayant succédé au Sensory 8 présenté plus bas dans cette page, à moindre coût au prix de la suppression des diodes de cases remplacées par un afficheur réduit (deux caractères LED seulement, contre quatre sur un CC7 par exemple), avec un processeur moins puissant et moins de niveaux... Quelques menus progrès toutefois, avec une bibliothèque d'ouvertures un peu plus étendue (mais qui reste embryonnaire), et la possibilité d'afficher un coup recommandé, ou encore de revenir en arrière sur deux demi-coups. Le programme est logé sur un module amovible, mais Fidelity n'a jamais proposé de module améliorant le niveau de jeu ; seuls un module "book  openings" pour pratiquer les ouvertures classiques et un module "greatest games" pour étudier des parties de maîtres ont été mis au catalogue. Ces deux modules ont d'ailleurs également été proposés pour le Mini Sensory présenté dans la catégorie précédente, mais sous des références différentes : les cartouches ne sont pas compatibles (!). Bref, une modularité bien peu utile pour des machines grand public et, par construction, limitées de par leur faible CPU. Le niveau de jeu a d'ailleurs baissé par comparaison au Sensory 8, mais reste supérieur à celui du Mini-Sensory+CAC, pour bonne part grâce à une horloge plus rapide. Bref, peu d'arguments pour l'avoir ajouté à ma collection... hormis l'opportunité : 5€ sur "le bon coin", machine en parfait état, complète avec les pièces et l'adaptateur d'origines, le petit guide utilisateur comme neuf, et l'emballage d'origine. Comment résister ? Et pour être honnête, sans aucune LED protubérante, son look est net et agréable.

VEB RFT Chess-Master Diamond

Année : 1987
Programmeur : Rüdiger Worbs & Wolfgang Pähtz
CPU : U880 @4Mhz
ROM : 16Ko
Niveau Elo : 1231
(1315 FIDE)
Niveau Elo avec PM11 : 1283 (1354 FIDE)
CMhz : 1,35
Rperf : 72% (avec PM11 : 75%)
KT : 1134 (avec PM11 : 1171)
Taille de case : 3,5cm

Le Chess-Master Diamond est l'ultime évolution des productions de RFT VEB Mikroelektronik Erfurt, en ex-Allemagne de l'Est. Si le processeur reste une copie du Zilog Z80 (U880), il tourne sensiblement plus vite que celui du SC2 déjà présenté, avec 4Mhz au lieu de 2,5Mhz. C'est un échiquier électronique encore plus massif (autour de 4kg !) que le SC2, bien que n'intégrant pas de transformateur (il prend sa source électrique d'un adaptateur externe) ; car il est en bois, et de taille imposante. Tout est largement dimensionné : les cases de l'échiquier (3,5cm de côté), le panneau de contrôle, l'afficheur (bordure comprise : 8cm de large !). Il faut l'avoir devant soi pour réaliser à quel point il est beau et impressionant, on ne s'en rend pas vraiment compte sur photo. Mon exemplaire n'a pas de valeur de collection, car seul l'échiquier électronique (et sa boîte en carton) sont d'origine : l'adaptateur secteur est moderne, les pièces ne sont pas celles d'origine, et les modules optionnels sont absents. Les pièces proposées ont fait partie de ma motivation d'achat : le précédent propriétaire les a choisies avec goût, puisque ce sont des pièces VERO d'origine Est-Allemande (ce qui est un choix cohérent), bien plus jolies que celles d'origine ; et j'apprécie beaucoup leur design - j'en avais déjà acquis un jeu pour mieux équiper mon King Performance. Il avait acheté ces pièces 50€ (ce que je crois volontiers, j'ai payé les miennes 49,90€ !) et les avait modifiées lui-même pour insérer les aimants nécessaires au fonctionnement de l'échiquier sensitif. Coût total 58€ avec les aimants ; j'ai payé l'ensemble 150€ ; soit 92€ pour l'échiquier électronique seul avec son alimentation, en parfait état de marche, et parfait état cosmétique. Cela m'a paru raisonnable, et ça les valait ! Vous l'aurez compris, l'échiquier est auto-répondeur, détectant les mouvements des pièces grâce à des capteurs à effet Hall. Vue l'épaisseur du bois, les aimants insérés dans les pièces (pôle sud vers le bas) ont besoin d'être puissants. Le programme indique ses propres coups grâce à une LED par case, case de départ allumée fixe, case d'arrivée clignotante. Par défaut, l'afficheur indique qui a le trait ("Y" pour "You" ou "C" pour "Computer"), mais aussi quel côté (flèche vers le haut ou vers le bas) - et éventuellement un indicateur "+" pour signaler un échec, ou "MATE" le cas échéant. Mais l'afficheur peut se régler pour montrer, au choix, une autre information parmi tout un choix possible. On peut ainsi préférer afficher le coup joué, le numéro du coup, ou son évaluation par l'ordinateur, ou sa profondeur de recherche, ou l'une quelconque des nombreuses autres informations disponibles. On peut bien sûr ponctuellement explorer toutes ces informations, et la dernière affichée avant de reprendre le jeu restera active par la suite. Simple et pratique ! Outre l'affichage d'informations, les fonctionnalités offertes sont nombreuses, et parfois sophistiquées. Thomas Mally le résumera ainsi, dans un article du magazine "Modul" paru en janvier 1989 : "un dinosaure de la haute technologie, avec des fonctionnalités d'aujourd'hui, dans un habillage d'hier, et avec un programme d'avant-hier". Et de fait, le niveau de jeu reste faible, même si nettement amélioré par comparaison aux précédents modèles de la marque ! L'échiquier intègre un connecteur permettant d'insérer un module externe, deux ont été proposés : PM10 ("module d'ouverture", 8K) contenant une bibliothèque de débuts de parties, et PM11 ("module de fin de partie", 16K) améliorant les algorithmes du programme de base. Je reviendrai plus en détail sur l'intérêt de ces modules, en commentant les résultats du test de Khmelnitsky. L'absence du module d'ouvertures PM10 pourrait être bien gênante, car le programme de base calcule dès son premier coup ; ce qui pourrait mener à toujours jouer les mêmes coups, à temps de réflexion constant. Eh bien, en bon exemple de la richesse des fonctionnalités, celles-ci permettent de résoudre ce point : le programme offre un paramètre "BEST" pour la sélection systématique du meilleur coup, si activé ; ou plus de variété avec le choix aléatoire d'un coup parmi les meilleurs, si désactivé. J'ai testé les ouvertures jouées avec BEST désactivé, il suffit de quatre coups dans ce mode pour une variété d'ouvertures au moins équivalente à une petite blibliothèque comme celle d'un Chess Challenger 6 ou 7, et après cinq ou six coups joués dans ce mode, la variété de jeu est très largement satisfaisante. Je combine cette option avec le maintien à l'affichage du numéro de coup, et je réactive le mode BEST avant de jouer mon sixième coup. Diversité à l'ouverture, puis jeu optimal (tout est relatif) ensuite !



Les fonctions avancées du Chess-Master Diamond permettent de réaliser le test de Khmelnitsky, et même le facilitent particulièrement ! On peut fixer l'afficheur en permanence sur la note d'évaluation ; la mise en place de positions est vraiment efficace et rapide ; et même la fonction de pré-sélection de coups avant analyse trouve ici une utilité pratique. En effet, il peut arriver, comme avec n'importe quelle machine, que le coup joué ne soit pas l'un des choix de réponse proposés par le test ; dans ce cas je joue chacun des coups proposés (avec un temps de réflexion réduit) et note l'évaluation de la position résultante, vue du camp adverse. La moins bonne note est alors le meilleur choix du programme... Cependant, lorsque l'évaluation s'affiche avec une seule décimale, la précision ne suffit parfois pas à distinguer le meilleur choix de l'ordinateur. Eh bien dans ce cas, réduire le spectre d'analyse aux seuls coups proposés grâce à la fonction "MOVE"  (toujours avec un temps de réflexion réduit, bien sûr) force l'ordinateur a faire son choix parmi les coups "valides", et résoud donc le problème de manière élégante ! De plus, bien rares sont les échiquiers électroniques de faible niveau permettant de réaliser le test ; obtenir un tel profil est inédit à ma connaissance ! J'ai réalisé le test sans module, en phase avec cette intérêt à tester un programme faible (avec donc le programme 16K de base, qui correspond à la configuration que je possède). Le test confirme qu'on peut allègrement se passer du module d'ouvertures (PM10), car cette phase de développement est le domaine de compétence le plus fort du programme. Il réussit mieux le test dans ce domaine que le Novag Emerald Classic de Kittinger, que le Tiger Grenadier de Donninger (qui a dit "facile !" ?) et fait jeu égal avec le programme Kaplan des Saitek Blitz et Turbo King II D+! Il est également percutant en contre-attaque, au niveau d'un Fidelity Excellence ou d'un Saitek Blitz. Enfin, au chapitre des qualités, des connaissances stratégiques au niveau d'un Mephisto Mirage, et une assez bonne vision des menaces (tout est relatif). Comme beaucoup de programmes, sa force chute en finale et il manque d'initiative d'attaque.
Je parie que vous aimeriez voir l'apport du module PM11 ? Ce module dit "de fin de partie" apporte 16K de programme supplémentaires, et a été développé avec le concours du GMI Rainer Knaak. Le mode d'emploi recommande de manière un peu surprenante de l'insérer dès la sortie du module d'ouvertures, et va jusqu'à proposer de reprendre le premier coup calculé par le programme de base, pour recommencer le calcul avec le module inséré. Le programme de base serait-il si mauvais ? Ou le module PM11 tellement meilleur ? En tous cas, pour un module de fin de partie, on s'attendrait plutôt à une règle exprimée en fonction du matériel restant, par exemple. Grâce à l'excellent émulateur CB-Emu, j'ai pu en réaliser le test, bien que je ne possède pas ce module (*) :



Le fait est que le module obtient un profil plus équilibré, de forme plus arrondie, pour un score global supérieur de 37 points Elo (soit 1171). Pour situer l'impact : statistiquement, sur vingt parties, un joueur à 1200 Elo en gagnera 12 contre le programme de base, et 11 contre le module PM11... Les gains flagrants sont sur la reconnaissance des sacrifices, et la tactique. Le milieu de partie et la défense profitent bien du module, avec autour de 90 points Elo de mieux. Les finales ne gagnent que dans le cas de positions de finales théoriques (+60 points tout de même). Le focus mis sur ces domaines écrête en revanche nettement les qualités d'ouverture et contre-attaque, ce qui est très acceptable vue la marge disponible au regard du niveau de jeu moyen. La perte sur la dimension stratégie (-74 points Elo) est en revanche un peu dommage.
(*) Trois mois après avoir écrit ces lignes,
j'ai eu l'occasion d'acquérir un module PM11 ; qui était proposé sur eBay en achat immédiat pour 49€.

Fidelity Chess Challenger 7

Année : 1979
Programmeur : Ron Nelson
CPU : Z80 @3,6Mhz
ROM : 4Ko
Niveau Elo : 1259
(1336 FIDE)
CMhz : 1,21
Rperf : 74%
Taille de case : 2,2cm

Mon premier ! Acheté neuf à sa sortie... Puis racheté une trentaine d'années plus tard pour 45€. Cette machine a vulgarisé le jeu d'échecs électronique en le rendant accessible au plus grand nombre. Sa ligne est sobre et agréable, même si tout plastique. L'animation du grand afficheur à LEDs rouges pendant le temps de réflexion est sympa et contribue à donner un peu de personnalité au Chess Challenger (il semble paniquer lorsqu'on le met sous pression !). Même les pièces sont sobres et plutôt agréables, au point que je l'utilise parfois comme plateau de jeu passif. Le niveau de jeu reste faible, d'autant que je le connais par coeur ...

Novag Chess Champion Super System III

Année : 1979
Programmeur : Mike Johnson
CPU : 6502 @2Mhz
ROM : 8Ko
Niveau Elo : 1270
(1344 FIDE)
CMhz : 2
Rperf : 73%

Une machine haut de gamme à son époque, avec un bon hardware (6502 à 2 Mhz), un programme sophistiqué sur 8K, des possibilités d'extension avec un afficheur LCD de l'échiquier complet, et une imprimante ; les deux venant se connecter latéralement en ôtant des caches plastiques. La sophistication est plus au niveau des fonctions offertes que du niveau de jeu : sous-promotion, prise en passant, reconnaissance des nulles par pat, triple répétition ou par règle des 50 coups, affichage dynamique de la pièce sélectionnée dès l'entrée des coordonnées de départ... Un ordinateur d'échecs particulièrement complet pour l'époque, un peu complexe à utiliser. Mike Johnson dans l'équipe de David Levy produira également les programmes des Novag Chess Champion Pocket Chess / Chess Traveller  (sur Fairchild F8 @4Mhz) et du Chess Partner 2000. Le niveau de jeu se règle, comme avec le Boris, par "timer" à la seconde près. J'aime bien... Mon exemplaire, acheté à faible prix sur le eBay Allemand (20€), montrait un clavier peu fiable : de temps en temps, aléatoirement, la frappe d'une touche était mal interprétée (par exemple, un "B" à l'affichage après avoir frappé le A, un "4" au lieu du 6...), et ce quelle que soit la précaution prise pour frapper la touche (que ce soit brièvement ou longuement appuyée, une frappe bien décomposée de la frappe précédente, etc....). Une frappe sur vingt à trente environ devait être reprise, ce qui n'empêchait pas de jouer mais restait assez pénible. Puis un jour, je me suis aperçu que ce défaut disparaissait totalement lorsque je positionnais l'interrupteur "time" sur "on". J'avais pour habitude de jouer "time off" ce qui a pour effet d'afficher le coup envisagé par le programme durant sa réflexion ; alors que "time on" décompte le temps restant avant fin de réflexion. Eh bien je reproduis fidèlement les erreurs de clavier si je remets "time off", alors que "time on" le clavier est impossible à mettre en défaut ! J'ignore s'il s'agit d'un problème spécifique à mon exemplaire, ou si plus généralement les SSIII souffrent de ce petit défaut. Il m'est également arrivé parfois de retrouver le SSIII bloqué après l'avoir laissé longtemps sans interaction en cours de partie (de l'ordre du quart d'heure) ; en revanche pas de souci lors de parties jouées en continu.

Fidelity Sensory Chess Challenger 8

Année : 1980
Programmeur : Ron Nelson
CPU : Z80 @3,8Mhz
ROM : 4Ko
Niveau Elo : 1282
(1353 FIDE)
CMhz : 1,28
Rperf : 75%
Taille de case : 2,5cm

Mais que vient faire ce Sensory 8 ici ? Il joue exactement comme le CC7 ci-dessus ... Hormis un niveau additionnel (2 minutes et 10 secondes en moyenne par coup), c'est bien le même programme, reconditionné. Oui, mais... il était vendu en lot avec le Mini Sensory+CAC, le tout pour 35€, une somme que j'aurais volontiers concédée pour le seul Mini Sensory. Donc je considère l'avoir eu gratuit, en bonus ! Et c'est tout de même le premier Fidelity à proposer un échiquer semi-sensitif, donc bien que faible et de grande diffusion, cet échiquier électronique ne dépare pas dans une collection. Nostalgie oblige, je préfère jouer avec le CC7, malgré l'agrément réel de l'interface à cases sensitives et une LED par case.



Mein erster / My first / Mon premier / Mephisto

Année : 1991
Programmeur : Eric van Riet Paap
CPU : M50747 @8Mhz
ROM : 8Ko
Niveau Elo : 1294
(1362 FIDE)
CMhz : 1
Rperf : 77%
Taille de case : 2,2cm

J'ai reçu cet échiquier électronique en cadeau, suite à l'intérêt que j'ai manifesté envers le Stadlbauer Maestro SchachProfessor (présenté plus bas dans cette même page). Dans un boîtier similaire à celui du Mephisto Europa A, mais simplifié avec moins de touches et affichant des couleurs un peu plus attrayantes pour les enfants, se trouve le petit programme "Zen" 4K d'Eric van Riet Paap, tournant sur un micro-contrôleur Mitsubishi. Si Kaare Danielsen s'est fait remarquer en 1986 avec son programme 16K sur micro-contrôleur 6301Y, nain au milieu des concurrents au championnat du monde d'échecs par ordinateur ; Eric van Riet Paap a su mettre en avant sa capacité à programmer encore plus petit, en 1988, au 8ème championnat néerlandais d'échecs par ordinateur, à Leyde, aux Pays-Bas. Le podium de cet "open" montre le niveau de la compétition : vainqueur Quest (qui sera ultérieurement commercialisé sous le nom de Fritz), suivi de Rebel, Kallisto, The King... Le micro-contrôleur utilisé alors pour Zen, un M50743, n'avait que 128 octets de RAM (256 pour le M50747 intégré dans le Mein Erster) ! Même si Zen n'a marqué aucun point lors de cette compétition, Hegener & Glaser a sauté sur l'occasion de compléter sa gamme Mephisto avec de petites machines portables basées sur ce programme, et sur cette même gamme de micro-contrôleurs (Mephisto Mini en 1989, bientôt suivi par d'autres). Et c'est bien le hardware qui est ici limité, pas le programmeur : Eric van Riet Paap a réalisé des programmes de Dames et d'Awari au top niveau mondial, et son programme d'échecs Genesis a été médaillé or en 1992, aux 4èmes Olympiades de jeux par ordinateur ; médaille partagée ex-aequo avec Hiarcs et The King, rien de moins ! Le "Mein erster" (la marque étant Allemande, je privilégie son nom dans la langue de Goethe) intègre, comme le Maestro SchachProfessor, des exercices (mini jeux) qui portent sa ROM à 8K, et un livret d'apprentissage de plus de 90 pages est fourni (il intègre les instructions d'utilisation de l'ordinateur, disséminées entre les leçons ; il n'existe donc pas de manuel utilisateur en tant que tel). Thomas Mally, co-auteur du livret avec Helmut Weigel, attribue l'idée de l'ensemble à ce dernier. A noter que les exercices sont différents de ceux du Maestro SchachProfessor, et la graduation de la difficulté diffère également : le Mein erster échelonne la difficulté en fonction du temps de réflexion alloué au programme lors des mini jeux, tandis que le Maestro SchachProfessor joue toujours rapidement, mais avec des positions de départ plus ou moins favorables (la complexité étant augmentée par plus de pions attribués à l'ordinateur). Les coups joués en comparant les deux machines montrent que, avec quatre ans d'écart, les versions du programme Zen des deux échiquiers électroniques sont légèrement différentes (en sus du hardware, plus performant pour le Maestro SchachProfessor). Un complément à ma collection bien sympathique, merci !

Yeno 320 XT

Année : 1994
Programmeur : Kaare Danielsen
CPU : 68HC05 @2Mhz
ROM : 4Ko
Niveau Elo : 1300
(1367 FIDE)
CMhz : 0,85
Rperf : 78%
Taille de case : 2,3cm

Je tenais à intégrer à ma collection le fameux programme 4K de Kaare Danielsen. Il a été énormément diffusé sous différentes marques, alors autant choisir un Yeno peu coûteux (je l'ai acquis pour 25€) et très facile à trouver en France (Yeno concevait ses machines en France avant de les faire fabriquer en Chîne, et K. Danielsen précise être  venu en France en 1993 adapter son programme 4K sur le micro-contrôleur 68HC05). C'est une machine de bas de gamme et grande diffusion, avec des pièces un peu trop grandes pour sa taille, de cet fait malaisées à manipuler par manque de place, sans LEDs - un petit écran LCD affiche successivement la case de départ, puis la case d'arrivée (façon Chess Challenger 6) et dont le panneau de commande à droite offre le pire "clavier" que je connaisse (par pression sur les petits rectangles blancs disposés en quinconce). Il n'y a pas de vraies touches, il s'agit de déformer le revêtement de surface, par exemple avec l'ongle... Heureusement, l'échiquier semi-sensitif qui sert beaucoup plus est, quant à lui, ferme mais correct. Le programme offre plusieurs styles de jeu et je me suis beaucoup amusé à les tester afin d'identifier si, par exemple, le 320XT performait mieux en style "agressif" avec les blancs, ou en style "défensif" avec les noirs, ou autres combinaisons... Au final, le style "normal" s'est avéré le plus efficace. Mine de rien, cette petite machine est la première de cette liste à exploiter le temps de réflexion adverse (réflexion permanente).

Yeno 301 XL

Année : 1988
ProgrammeurJon Green (?)
CPU : 63B01X @8/4Mhz
ROM : 4Ko
Niveau Elo : 1360
(1411 FIDE)
CMhz : 1,68
Rperf : 79%
Taille de case : 2,3cm

Le tout premier Yeno, c'est lui : il a précédé de quelques mois le Yeno 532XL, présenté parmi les échiquiers forts (niveau bons joueurs de club). De format identique au 320XT, sa qualité de fabrication est toutefois bien meilleure, au niveau de celle du 532XL. Son processeur (équivalent au 6301Y plus connu) près de deux fois plus rapide que celui du 320XT lui donne encore un avantage supplémentaire. Attribuer un auteur à ce programme reste incertain : Jon Green est bien le nom cité par David Levy, mais la ROM du programme mentionne un copyright au nom de Bray. Dans sa structure commerciale produisant des programmes d'échecs pour divers clients, David Levy accueillait aussi bien des développeurs connus dans le domaine des échecs (tels Mark Taylor, David Broughton, Richard Lang, Mike Johnson, Martin Bryant) que des programmeurs capables d'adapter ses algorithmes sur divers micro-processeurs ou micro-contrôleurs. Quoi qu'il en soit, ce même programme est présent dans deux autres échiquiers électroniques : les Chess King Triomphe de 1984, avec une horloge deux fois moins rapide, et Counter Gambit de 1987. C'est un adversaire agréable, car s'il reste faible, ses qualités sont équilibrées entre quelques notions de développement positionnel et quelques capacités tactiques. Pas de quoi effrayer un joueur un peu expérimenté, mais suffisant pour offrir un peu de résistance, et donc se faire plaisir à le battre. Il a été distribué avec deux versions de pièces, sans doute selon l'année de production : celles présentées ici et partagées avec le 532XL, assez originales, et des pièces très semblables à celles de nombreux Saitek, probablement ultérieures. Trouver un exemplaire avec les pièces originales a fait partie de mes critères d'achat (29€ sur eBay, avec la boîte d'origine, port compris soit 24,90€ port déduit). D'ailleurs, j'aime beaucoup le design original du pion, avec sa "crête de casque" qui me fait immanquablement penser à Marvin, le petit Martien des Looney Tunes.


"Bray" pourrait désigner "Bray Research Limited", compagnie qui aurait acheté les droits du programme.

Mephisto 1X

Année : 1981
ProgrammeurThomas Nitsche, Elmar Henne
CPU1802 @4,2Mhz
ROM : 12Ko
Niveau Elo : 1368
(1418 FIDE)
CMhz : 0,54
Rperf : 84%
KT : 1171


Enfin j'ai réussi à trouver un Mephisto 1X ! Si vous lisez mon commentaire sur le Mephisto II page suivante, vous saurez que c'est bien le 1X que je recherchais déjà ; et c'était quatre ans auparavant... Ce petit ordinateur d'échecs a eu un destin inattendu, bref mais brillant ; sorte d'étoile filante dans le ciel de France ... Et pourtant, c'est à Stockholm qu'il s'est fait connaitre, en tant que Mephisto 'X' (X pour eXpérimental), en remportant en décembre 1980 le tournoi des micro-ordinateurs (Stockholm Micro Computer Chess Tournament). Il convient de relativiser ce fait d'arme : le tournoi n'a duré que trois rondes, à la cadence de 30 coups par heure, avec seulement huit participants. L'opposition n'était toutefois pas ridicule, puisqu'il gagne devant MyChess de D. Kittinger (sur Cromemco - Z80 4Mhz) et Boris 2.5/Sargon 2.5 représenté par deux machines dédiées (le MGS, Modular Game System, et l'ARB, Auto-Response Board). Son chef-d'oeuvre surviendra six mois plus tard, fin mai 1981 à Paris, où il remporte le 1er Tournoi Mondial des Micro-ordinateurs (Chess Programs World Tournament in Personal Computers) organisé à Paris par Jeux & Stratégie, l'Ordinateur Individuel et Europe Echecs. La performance est ici plus sérieuse, puisqu'il s'agit d'un tournoi de sept rondes, dix-huit participants, joué à la cadence de compétition (40 coups en deux heures, puis 20 coups à l'heure) et contrôlé par deux arbitres internationaux de la FFE (Fédération Française des Echecs). C'est tout bonnement le plus important tournoi d'échecs électroniques sur micro-ordinateurs que l'on ait jamais vu ! Hegener & Glaser y engage trois machines : la "briquette" Mephisto déjà commercialisée depuis août/septembre 1980 en Allemagne (qu'on désigne "Mephisto 1" désormais, pour la distinguer de ses successeurs), Mephisto 'X' (considérée valeur sûre du fait de sa victoire à Stockholm) et Mephisto 'Y' qui est un précurseur du Mephisto II, considérée la plus forte des trois briquettes avec son programme qui a bénéficié de six mois de développement supplémentaire. Mephisto 'Y' entâché de quelques bugs terminera 5ème, devant Mephisto 7ème. Les trois revues organisatrices étant de langue française, le retentissement de cette compétition en France est particulièrement important, et le Mephisto 'X' devient célèbre. Cela va aider la commercialisation du Mephisto 1 en France, seulement disponible à la vente depuis moins de deux mois (avril 1981). L'Allemagne, patrie de la briquette, recevra le Mephisto II en priorité, dès novembre 1981, alors qu'il n'arrivera en France que six mois plus tard, en avril/mai 1982. Pour faire patienter le marché français et capitaliser sur la renommée du tournoi de Paris, Hegener & Glaser commercialisera le 1X à partir de janvier/février 1982, ce qui ne lui laissera que trois mois pour être au top de la gamme Mephisto en France, avant de se faire voler la vedette par l'arrivée du Mephisto II. Il gardera l'avantage d'un prix légèrement inférieur d'environ 50€ (le module 1X était vendu exclusivement en France 680FF soit environ 100€, contre 980FF soit environ 150€ pour le module II). Le prix d'une briquette avec son module allait de 1890FF/300€ pour le Mephisto 1 à 2600FF/400€ pour le Mephisto II. J'ai acquis ce Mephisto 1X en état moyen (mais fonctionnel) avec son alimentation d'origine et sa documentation pour 70€.



La documentation d'origine est assez succincte, puisqu'elle est constituée de celle du Mephisto 1 complétée d'un petit dépliant de seulement six pages, précisant les différences introduites par le module 'X'. On comprend que le rédacteur n'ait pas choisi d'y expliquer la fonction d'affichage du score, complexe car il est exprimé en hexadécimal. Mais une feuille de calcul permet de facilement convertir le score en décimal, et jai donc pu réaliser le test de Khmelnitsky. Il est amusant de voir à quel point le profil semble être un brouillon de celui du Mirage (et a fortiori du Mephisto II, puisqu'il s'agit quasiment du même programme). La forme globale est la même, en plus irrégulier. Il ne maîtrise pas les finales théoriques et ne voit pas les sacrifices, mais ce n'est pas choquant pour l'époque et le faible microprocesseur. Par contre son niveau en milieu de partie est vraiment faible, peu aidé par la capacité de calcul limitée. Ses forces : il débute bien ses parties, grâce à un très bon jeu en sortie de bibliothèque d'ouvertures (et sa bibliothèque est elle-même riche et de qualité), il sait contre-attaquer et repérer les menaces, il dispose d'un niveau correct pour sa catégorie en tactique, défense et même stratégie.

Stadlbauer Maestro SchachProfessor

Année : 1995
Programmeur : Eric van Riet Paap
CPU : M38002M2 @4,91Mhz
ROM : 8Ko
Niveau Elo : 1376
(1423 FIDE)
CMhz : 1,6
Rperf : 80%
Taille de case : 2,4cm

J'ai découvert ce petit échiquier électronique d'initiation après avoir inscrit le Yeno 320XT à un tournoi de machines, dont les participants devaient jouer sous la barre des 1400 points Elo. J'ai trouvé son style de jeu plutôt décent dans la partie qu'il a gagnée contre le Yeno ; et j'étais content de voir pour la première fois jouer un programme d'Eric van Riet Paap. J'aime bien varier les auteurs et les marques dans ma collection, coup double ! En prime, le micro-contrôleur singlechip 8 bits Mitsubishi était lui aussi inédit parmi mes machines, et la catégorie méritait un peu de renfort. Alors, lorsque j'ai vu sur eBay Allemagne cet exemplaire proposé à 9,90€, je n'ai pas hésité longtemps. C'est le seul échiquier électronique produit par la firme Stadlbauer, sur une idée d'Ossi Weiner (Hegener & Glaser venait d'être rachetée par Saitek l'année précédente, et il créera Millennium 2000 l'année suivante, associé avec Manfred Hegener). L'idée était de doter un échiquier électronique de fonctions d'apprentissage du jeu. Ainsi, ce jeu est-il accompagné d'un livret didactique de 75 pages, incluant 56 exercices pratiques avec l'ordinateur, matérialisés par les niveaux activés par les colonnes de a à g. Les 8 dernières cases de la colonnes h activent les niveaux de jeu usuels, pour des parties contre l'ordinateur ou la recherche de mat. Ce programme, épaulé par une bibliothèque d'ouvertures relativement fournie, trouve assez régulièrement des coups positionnels de qualité appréciable pour la catégorie, y compris jusqu'en fin de partie. Sa faiblesse est surtout tactique, il a du mal à prendre voire conserver un avantage matériel. Son style de jeu et ses forces et faiblesses me font penser au Systema Challenge, à ceci près que vous découvrirez ce dernier deux catégories au-dessus... Ceci dit, un jeu positionnel correct et pas trop de force tactique semblent un bon choix pour un échiquier d'initiation. A signaler, ce jeu parle Allemand, avec un vocabulaire limité (qui peut être basculé sur de simples bips), et le livret d'apprentissage est lui aussi uniquement en Allemand.

Millennium ChessChampion 2.0

Année : 2024
Programmeur : Andrew Keatley
CPU :
ARM Cortex M4 @48Mhz
ROM : 256Ko flash
Niveau Elo : 1396 (1439 FIDE)
CMhz : 140
Rperf : 66%
Taille de case : 1,8cm

Avant de relancer le marché des machines fortes (à partir de 2015, avec le ChessGenius), Millennium a mis sur le marché de nombreuses variantes de machines d'entrée de gamme destinées au marché de masse et (a priori) peu justifiées à collectionner. Si le ChessChampion 2.0 persiste à s'adresser à des joueurs débutants ou occasionnels de par son niveau de jeu accessible, et au marché de masse de par son petit prix (69,90€ catalogue mais acheté 39,99€ en promotion chez Aldi), il se démarque de ses prédécesseurs, notamment par un processeur rapide, un bel afficheur TFT en couleurs présentant des graphiques optimisés par Bryan Whitby (cf photo plus bas), et un moteur d'échecs amélioré. Selon son programmeur, les améliorations portent principalement sur le comportement en fin de partie, la gestion du Roi, et la considération apportée au pions passés. Son look moderne et la possibilité de l'alimenter via un adaptateur secteur ont achevé de me convaincre. Il est petit mais parfaitement proportionné, l'écran est bien lisible, et les cases réagissent très bien à une légère pression pour enregistrer les coups. En revanche le manque d'espace rend la manipulation des petites pièces un peu délicate : bien que légèrement aimantées, elles glissent facilement sur la surface de jeu. Les petites touches aux sensations caoutchouteuses ne sont pas très agréables, mais font le job. Les menus et options sont basiques, mais largement suffisants pour un usage ordinaire. A ce propos, le réglage de niveau de jeu offre plusieurs modes, dont un "basique" (sur une échelle de un à dix) sur lequel le manuel ne fournit guère d'informations utiles. Personnellement j'utilise le mode "temps de réflexion par coup", réglé à 15 secondes (l'échelle va de 5s à 4mn), mais j'ai tout de même testé les niveaux basiques et, après observations, déterminé l'échelle suivante :



Le niveau de jeu semble déterminé par une combinaison de plusieurs critères, dont la profondeur de recherche générant les temps plus ou moins longs, et visiblement associée à autre chose : sans doute des niveaux différents de précision de l'évaluation. Ainsi, le niveau 6 analyse moins en profondeur que le niveau 5, mais compense nécessairement avec une meilleure évaluation.

Enfin, le programme offre cinq styles de jeu ; j'ai utilisé le test "Spacious Mind reloaded" pour qualifier les niveaux de jeu, et obtenu les résultats suivants :



Le réglage du style "Normal" est le plus performant, et les réglages plus aggressifs sont des alternatives qui peuvent faire sens pour varier le jeu. En revanche, les réglages passifs degradent fortement le niveau de jeu ! Sous forme de graphe :




(photo originale: B. Whitby)


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