Mes machines de niveau "bon joueur de club, deuxième catégorie"

Systema Challenge

Année : 1994
Programmeur : Gyula Horvath
CPU : H8 @20/2Mhz
ROM : 32Ko
Niveau Elo : 1801
(1743 FIDE)
CMhz : 6,5
Rperf : 97%

KT : 1474
Taille de case : 2,5cm

Encore un jeu d'échecs électronique que j'ai dû chercher des mois, bien qu'il existe sous plusieurs variantes, soit une dizaine de machines en tout, apparues de 1992 à 1996 : son jumeau parfait Krypton Challenge ; et les clones CXG Sphinx (Accolade, Concerto, Legend, Legend II), Excalibur (Avenger, Legend II), Krypton (Comet, Regency). Les clones ont les mêmes caractéristiques matérielles, le même programme (ou très proche), mais des formes de boîtier (et marques !) distinctes. J'ai donc choisi le Systema Challenge ... pour la seule raison que c'est le premier que j'ai trouvé, au UK via eBay, acquis complet avec son emballage d'origine et en bel état, pour 37,08€ ! Anecdote : après ces mois de disette, quelques jours après l'achat, un autre Systema Challenge est apparu, lui aussi sur eBay UK... C'est pour son programmeur que je recherchais l'une ou l'autre de ces machines : Gyula Horvath. Il est connu pour son programme Pandix, commercialisé en 1993 pour PC sous le nom de ChessFriend, après avoir obtenu quelques titres (champion du monde amateur en 1987, champion du monde en catégorie logiciel PC en 1988). Ces championnats n'avaient toutefois que peu de participants (7) et Pandix a obtenu ces titres mineurs en terminant en 5ème place. Plus significative à mes yeux, et contemporaine aux échiquiers électroniques qui nous intéressent, sa belle performance au 12ème championnat du monde d'échecs sur micro-ordinateur (Munich, 1993), 7ème sur 28 en scorant le même nombre de points que Mephisto Gideon, Quest (Fritz expérimental), Kallisto et MChess ProX ! Avec Hiarcs, The King et Mephisto Genius 2 sur le podium, que du lourd ! Après une dizaine d'années de pause, Gyula a repris le développement de Pandix en 2006, et est revenu à la compétition en 2009. Pandix a obtenu d'excellents résultats en 2013 à Yokohama, notamment vice-champion du monde en catégorie logiciel (tous les participants sur le même matériel) derrière Hiarcs et à égalité avec Junior. Cette belle saga sera parachevée la même année, Pandix étant retenu comme le nouveau moteur de Fritz 14. Succéder à Frans Morsch, rien que ça... Le style de jeu de la version 32K embarquée dans les divers clones a pour réputation d'être très positionnel, je l'ai même lu traité de procrastinateur ! De fait, l'initiative n'est pas son fort ; et malgré la vitesse apportée par le H8 ses capacités tactiques sont limitées. Un mode analyse permet d'afficher l'évaluation au cours de la réflexion, il n'est pas rare de constater que le Challenge ne réalise que tardivement une variation de l'évaluation d'une position que son adversaire, de niveau pourtant équivalent, indique avec une bonne paire de demi-coups d'avance. C'est particulièrement vrai en fin de partie, où il anticipe assez mal la course de pions vers une promotion. Il manque ici vraisemblablement un peu de code spécialisé ; en plus d'un effet horizon assez marqué en vitesse de jeu rapide. Cependant, sept paramètres à la main de l'utilisateur permettent d'ajuster son style de jeu ; et neuf styles prédéfinis, de très prudent à très agressif, sont également proposés. En fait ce ne sont que des combinaisons pré-réglées des sept paramètres disponibles, le style et les paramètres par défaut procurant a priori le niveau de jeu le plus fort. Je me suis tout de même attaqué à la passivité du jeu en recherchant les paramètres susceptibles de l'influer, et pour cela j'ai utilisé le test d'initiative de Ketterling. Dans ce test, on joue de manière totalement passive (typiquement, en restant autant que possible sur la position de départ par des aller-retours d'un des cavaliers) et on observe le temps que met l'ordinateur à mater (on observe également sa manière de se développer). J'ai initialement fait varier les paramètres candidats à leurs extrêmes (0 à 99), 10 étant la valeur standard ; pour savoir lesquels influent le plus, et dans quel sens les modifier. Pour ce test, j'ai utilisé le niveau 7 (2s) afin de limiter l'influence du calcul tactique :



Les paramètres 4 et 5 (agressivité des blancs et des noirs, respectivement) sont ressortis comme ayant le plus d'effet favorable sur l'initiative, et baisser leur valeur de 10 à 8 suffit à dynamiser le jeu. Ensuite j'ai contrôlé l'absence d'effet néfaste sur le niveau de jeu en utilisant le test Spacious_Mind (5 parties classiques, voir le Tiger Grenadier ci-dessous pour plus d'infos). Puis j'ai engagé le Challenge avec ce paramétrage dans huit parties face à quatre adversaires de niveau Elo moyen 1773, face auxquels il n'a marqué que 0,5 points sur 8 ! J'ai notamment remarqué qu'il privilégiait exagérement de positionner ses tours sur colonnes ouvertes (ou semi-ouvertes), qu'il jouait des clouages de pièces sur la reine adverse n'apportant guère d'avantage durable, qu'il se laissait un peu trop facilement doubler ses pions (accroissant sa faiblesse naturelle dans la fin de partie) et qu'il lui arrivait de négliger des attaques dignes d'intérêt sur le roi adverse, faute d'en voir calculé l'effet tactique à terme. J'ai donc ajusté les paramètres correspondants, soit, après quelques tâtonnements :
  F1 (clouage sur la reine adverse) = 9, réduit de 10%
  F2 (structure de pions autour du roi) = 10, inchangé
  F3 (attaque sur le roi) = 12, augmenté de 20%
  F4 et F5 (agressivité blanc et noir) = 8, comme vu précédemment
  F6 (pions doublés) = 11, augmenté de 10%
  F7 (tours sur colonnes ouvertes ou semi-ouvertes) = 9, réduit de 10%
J'ai validé cette configuration via le test Spacious_Mind, elle obtient près de 60 points Elo de plus que le paramétrage par défaut, avec une répartition intéressante : pour quatre des parties sur cinq, le score est supérieur, et le seul score inférieur ne l'est que de moins de 30 points.



J'ai enfin rejoué les 8 parties face aux mêmes adversaires, le Systema Challenge a cette fois scoré 4 points sur 8 ; soit une performance égale à la moyenne des adversaires (1773). Et le style de jeu m'a cette fois paru plus équilibré et naturel. Paramétrage validé !
Le format quant à lui n'appelle que peu de remarques, les cases et touches sont de sensibilité correcte, et les petites LEDs de coordonnées viennent en renfort d'un afficheur LCD un peu petit et mal placé, loin des yeux et trop profondément encastré. Il permet toutefois de naviguer dans les différentes fonctions, et d'afficher en mode rotatif des informations sur la réflexion en cours (principale variante, score, temps de réflexion). A noter une fonction originale : "Why Not?" qui permet d'afficher la réfutation prévue par le programme sur un coup qu'il n'a pas retenu.



Test de Khmelnitsky : le profil de savoir-faire échiquéen est relativement proche de celui du Fidelity Excellence, légèrement moins bon en ce qui concerne les finales théoriques et la stratégie, par contre un peu plus fort en tactique et contre-attaque. Comme l'Excellence, c'est un programme de type "force brute" (stratégie  "A" selon Shannon) : il n'étend pas sa recherche sélectivement, ce qui limite sa capacité à calculer en profondeur. J'ai rejoué chaque position du test avec le paramétrage établi ci-dessus, le score global baisse légèrement (-33 points, soit exactement le même score que celui de l'Excellence, 1441). Ce n'est pas inattendu, le paramétrage standard étant en principe le plus fort ; 7 dimensions perdent des points, 4 sont inchangées, et une seule progresse : la stratégie (+127 points, tout de même !). Après l'analyse des 100 positions du test, je peux dire que les variations de notes dûes au paramétrage sont restées faibles, de l'ordre de 5 à 15 centièmes de pion la plupart du temps ; et n'ont fait de différence que dans des positions encore riches en matériel (de la sortie des ouvertures au début du milieu de partie).

Mephisto Rebell 5.0

Année : 1986
Programmeur : Ed Schröder
CPU : 65C02 @4,9Mhz
ROM : 32Ko
Niveau Elo : 1808
(1748 FIDE)
CMhz : 4,9
Rperf : 99%
KT : 1506
Taille de case : 3cm

Ce module est le chaînon manquant entre le Mephisto MMII et le MMIV. Il devait s'appeler MMIII, mais les performances du programme ont été si remarquables lors du championnat du monde d'échecs par ordinateurs (WCCC) 1986, que la marque a voulu capitaliser sur sa renommée. Rebel a terminé ce WCCC à la cinquième place (et 1er des micros) après avoir été en position de le remporter ! Les faits restent qu'il a gagné ses parties contre un cluster de 20 SUN 32bits calculant en parallèle, un Cray XMP, et un Amdahl 470 dont le programme (Bobby) avait lui-même remporté sa partie contre le champion en titre (et futur vainqueur final) Cray Blitz. Tout cela avec un Apple IIe, équipé tout de même d'une carte accélératrice bit-slice (très probablement une DC65 Schaetzle & Bsteh, sortie en 1984 pour l'Apple II). Une telle carte est capable de multiplier les performances du 6502 1Mhz d'origine jusqu'à 11 voire 12,5Mhz ; mais pour garder le contrôle de l'horloge elle n'a été finalement utilisée qu'à mi-capacité, soit entre 5,5 et 7 Mhz selon les sources (Jan Louwman, Eric Hallsworth). Le module commercialisé par la suite procure donc une performance proche de celle du matériel utilisé au WCCC. Il résulte de la toute première collaboration entre Ed Schröder et Hegener & Glaser, et sera suivi de nombreux autres produits, de plus en plus forts (MMIV et MMV, Polgar, Milano, Risc...) jusqu'en 1994 ; ensuite l'auteur reprendra à son compte la série Rebel sur PC, à partir du Rebel 6. Ayant grandement apprécié les Rebels PC, je tenais à insérer un programme de Ed Schröder dans ma collection. Et ce Rebell 5.0 est un vrai jalon historique... acquis pour 118€, complet avec la Modular Board, ses pièces, l'adaptateur secteur et le manuel utilisateur, sur le eBay Allemand.



Le Rebell 5 a un profil particulièrement contrasté, révélateur d'un programme jeune et manquant encore de développement : très pertinent en sortie de bibliothèque d'ouvertures, il rate complètement son examen en matière de finales théoriques. On constate que le programmeur s'est attaché à injecter de bonnes connaissances échiquéennes pour que le programme développe bien ses pièces et produise un bon jeu positionnel (stratégie). Le Rebell 5 a donc bien appris son manuel des échecs, mais pas jusqu'au bout... Le niveau est assez moyen en milieu de partie et défense, faible en attaque et sacrifice (mais c'est normal pour un programme de cette génération), et il est plus à l'aise à repérer les menaces, appliquer des schémas tactiques et contre-attaquer - là encore des caractéristiques assez usuelles, entraînant une forme de passivité, en attente d'opportunités. Le plus surprenant compte-tenu du processeur, tout de même rapide pour l'époque, est sa faible performance en calcul. Malgré tout le Rebell 5 est un fort joueur, ce qui conforte l'impression que le programmeur a injecté beaucoup de connaissances échiquéennes (à part pour la fin de partie), conduisant à une fonction d'évaluation relativement sophistiquée et donc un peu lente.

Novag Super Nova

Année : 1990
ProgrammeurDave Kittinger
CPU : 6301Y @16/4Mhz
ROM : 32Ko
Niveau Elo : 1819
(1756 FIDE)
CMhz : 3,36
Rperf : 102%
KT : 1610
Taille de case : 2,5cm

Dans la gamme Novag j'avais repéré le Supremo, intéressant par plusieurs aspects :
- un programme de 32Ko, qui marque chez Novag l'entrée dans le monde des programmes les plus intéressants ;
- une excellente critique dans Jeux & Stratégies n°54 de décembre 1988 :  "Quand on étudie bien le programme , on se rend compte qu'il est très voisin du Super Constellation avec un peu moins d'ouvertures : 1 500 coups, tout de même, et moins d'algorithmes de finales. Le Supremo est un des meilleurs rapports qualité-prix, non seulement de Novag, mais de tous les produits actuellement sur le marché."
- un style de jeu réputé intéressant, même s'il reste dans les faits éloigné de celui du Super Constellation.
Avec ces éléments de réputation favorable, le Supremo est devenu un peu trop coté à mon goût, et dur à dénicher. La bonne approche m'a donc semblée être de rechercher le Super Nova, qui dans le même boîtier que le Beluga, intègre le programme 32K du Supremo, boosté par une horloge deux fois plus rapide. J'en ai acquis un premier exemplaire pour 50€ sur le bon coin, complet avec les pièces, le manuel utilisateur, et un adaptateur d'origine Novag - seul l'emballage d'origine manquait. Mais sa rangée de touches à hauteur de l'afficheur était inerte, ce qui interdisait des paramétrages aussi indispensables que de régler le niveau de jeu. Pour le reste il fonctionnait parfaitement, ce qui était frustrant... Un démontage et inspection ne m'ont pas permis de remettre en service le clavier, et j'ai donc acquis un second exemplaire, cette fois en parfait état de fonctionnement, pour 60€. Ce dernier n'avait pas d'adaptateur secteur ni de manuel utilisateur, par contre l'emballage d'origine était fourni. Au final, j'ai donc un exemplaire complet, et un jeu de pièces d'origines supplémentaire, qui m'a permis de rééquiper le Beluga ; tout n'a pas été perdu ! On retrouve avec le Super Nova  un design similaire à celui du Beluga, mais dans des coloris plus sombres, où le noir domine, souligné de jolies touches de bleu/vert. A la différence du Beluga, le centre du plateau ne manque pas de rigidité, son toucher est plus agréable.




Test de Khmelnitsky : son truc, c'est la contre-attaque ! Après un début de partie solide, son niveau de jeu reste assez moyen sur de nombreux plans : milieu de partie, finale, attaque et défense (et même sacrifice) sont très équilibrés mais un peu faibles (autour de 1500 Elo). La capacité de calcul reste très limitée, logiquement similaire à celle du Beluga disposant du même processeur (6301Y, une CPU relativement faible même si l'horloge est ici plutôt rapide pour ce type de micro-contrôleur). C'est donc bien le logiciel 32K qui explique la différence de 136 points Elo en faveur du Super Nova (1610 contre 1474 pour le Beluga 16K). Et pour une meilleure capacité de calcul, il faut aller chercher le H8 rapide (13,3Mhz) de l'Emerald Classic !

Yeno 532 XL

Année : 1989
Programmeur : Ulf Rathsman
CPU : 65C02 @4Mhz
ROM : 32Ko
Niveau Elo : 1837
(1770 FIDE)
CMhz : 4
Rperf : 102%
KT : 1685
Taille de case : 2,3cm

Le deuxième échiquier électronique produit par Yeno (juste après le 301XL), et le plus fort de la marque. Avec ses 32K, son 6502 à 4Mhz et son programme proche de celui du Mephisto MMII (basé sur Plymate), c'est un solide joueur, pas facile à trouver sur le marché de l'occasion. Il m'a fallu beaucoup de temps pour trouver cet exemplaire, acquis pour 80€. Les petites diodes sont discrètes, une par case affleurant sous la pellicule de revêtement, façon modular board. Elles sont d'ailleurs parfois masquées par les pièces, un peu trop larges au regard des cases, mais aussi trop légères et insuffisament aimantées pour une bonne tenue sur le plateau de jeu. Heureusement le coup joué s'affiche sur les petites fenêtres LCD, qui permettent d'afficher successivement diverses informations. Contrairement au 320 XT, le clavier est agréable, conçu pour réagir à une pression douce comme les cases elles-mêmes. Mon exemplaire s'est avéré défaillant au-delà d'environ une heure à une heure trente de jeu, certaines cases alignées cessant de répondre à la pression. L'échiquier chauffait beaucoup dans une zone située vers la gauche du plateau de jeu. Après extinction et un temps de refroidissement, les touches fonctionnaient à nouveau. J'ai pratiqué un démontage/remontage soigné, avec un positionnement méticuleux des nappes de liaison entre le circuit imprimé et ses interfaces (plateau sensitif, afficheurs LCD) ; j'ai également renforcé une plaque isolante cartonnée avec une seconde couche de papier fort, et j'ai percé sous la zone chaude des trous dans le carter plastique noir inférieur. Ce n'est pas très "puriste" au sens collectionneur, mais c'est invisible à l'usage, et mon 532 XL n'a plus jamais posé problème. Le remontage soigneux aurait peut-être suffi, mais en tous cas la zone chaude a complètement disparu. L'important, c'est de pouvoir jouer avec, non ?



Un profil somme toute classique pour un échiquier électronique de son époque (on peut considérer que son programme date de 1985, année de sortie du Mephisto MMII) ; avec un début de partie solide qui se dégrade d'abord légèrement en milieu de partie, notamment par manque de pertinence stratégique, puis nettement en fin de partie. Sa force est essentiellement tactique, avec une nette tendance à préférer la contre-attaque à l'attaque. Enfin, sa capacité de calcul est décevante pour un 6502 à tout de même 4Mhz ; ce qui est révélateur d'une approche essentiellement force brute, peu apte à explorer le jeu en profondeur, faute de sélectivité. Son score global est tout de même valorisant, seul l'Emerald Classic fait mieux dans cette catégorie !

Excalibur Ivan the Terrible

Année : 1996
Programmeur : Ron Nelson
CPU : H8 @12Mhz
ROM : 48Ko
Niveau Elo : 1838
(1771 FIDE)
CMhz : 7,8
Rperf : 99%
KT : 1409
Taille de case : 2,5cm

Ron Nelson a marqué le monde des échecs électroniques par son talent d'ingénieur électronicien, mais il a aussi été pionnier de la programmation, auteur des fameux Chess Challenger avant la collaboration des Spracklen avec Fidelity. J'ai été tardivement intéressé par l'histoire de la marque Excalibur et j'ai découvert récemment les productions de Ron Nelson dans ce cadre. Non content de faire le design des machines, Ron Nelson a également produit le programme, en intégrant la notion de table d'attaque et en utilisant le processus de génération décrit par Ken Thomson, le fameux auteur de Belle. Je me suis donc lancé dans la recherche d'un exemplaire de ce programme sur H8, préférable à ses successeurs pour lesquels le H8 n'était plus disponible. L'auteur a en conséquence converti son programme pour un autre micro-contrôleur, compatible 6502, disposant malheureusement de moins de RAM, ce qui l'a conduit à supprimer les tables d'attaque ; et a cette occasion il a également désactivé la réflexion permanente pour limiter les risques de bug et préserver la longévité des piles (Ivan II the Conqueror, Alexandra the Great, tous deux de 2003). Les machines équipées du H8 sont les Mirage (avec déplacement robotisé des pièces), Ivan ici présenté, GrandMaster (version luxueuse à la cote élevée), et Igor. Les Ivan et Igor semblent très proches, et intègrent voix et sons d'animation, pas forcément appréciés des joueurs d'échecs. Il est vrai que ça accentue le côté jouet de cet échiquier pourtant très fort, cependant ces fonctions sont aisées à désactiver ; et les messages de la voix d'Ivan sont délivrés en fonction de la situation, avec un certain humour. Par exemple, appuyer sur la touche "conseil" (hint) peut vous exposer à entendre : "un conseil ? Tu n'as pas besoin de conseil !" si Ivan a une position défavorable ; ou "tu veux un conseil ? Abandonne !" s'il s'estime gagner. Bon prince, il indique tout de même le coup recommandé si vous appuyez une seconde fois sur la touche. Cerise sur le gâteau, la compression vocale utilisée a elle aussi été conçue par Ron Nelson !  Une belle acquisition, venue du UK, pour 51€.





J'étais assez impatient de mesurer le comportement d'Ivan face au test de Khmelnitsky : les productions de la marque Excalibur sont arrivées sur le tard (à partir de 1993) et sur un marché qui commençait à décliner face à la concurrence des programmes PC. Elles ont principalement visé un marché grand public et n'ont pas bénéficié de la notoriété que pouvaient donner les tests comparatifs, très en vogue depuis l'apparition des premières machines d'échecs. Ajoutons à cela un cocktail inédit composé d'un programmeur initialement connu pour ses programmes primitifs de niveau joueur occasionnel, mais ayant ici réintroduit la technique des tables d'attaque (ancienne, mais ayant fait ses preuves), sur un processeur rapide ; le tout résultant en un échiquier électronique incontestablement de fort niveau. Ivan n'a objectivement pas brillé lors de ce test : s'il a souvent correctement évalué les positions (identifier qui a l'avantage), il a trop souvent échoué à identifier le meilleur coup à jouer (gratifié de cinq points) pour choisir un coup acceptable (gratifié de seulement un point). Ce manque de précision aggravé de trop nombreuses défaillances sur des positions de fin de partie lui coûte une centaine de points, si on le compare aux autres machines de sa catégorie. Le profil reste typique des premiers échiquiers électroniques : aptitude à repérer les  menaces (merci les tables d'attaque), force tactique, bonnes capacités de défense et contre-attaque ; avec un pic de force en milieu de partie se dégradant nettement en finale. Le manque de précision déjà évoqué le handicape à trouver les coups d'attaque les plus tranchants. Pour synthétiser, Ivan est en phase avec son marché : un fort joueur (que vous avez intérêt à emmener jusqu'en finale), mais pas un outil d'analyse...  Cependant, Ivan ne mérite pas une perception trop négative : je vous invite vraiment à utiliser la fonction de comparaison pour superposer son profil à celui du Saitek Turbo King II D+, qui avec son programme Kaplan bénéficie d'une excellente renommée : vous constaterez que dans la plupart des domaines, Ivan est tout à fait à niveau ! Pour conclure sur une note amusante, j'ai découvert en menant le test, des réparties d'Ivan que je n'avais jamais eu l'occasion d'entendre en jouant des parties "normales" : si on lui demande de prendre le trait sur une position perdante : "jamais de la vie, je ne veux pas de ton gâchis" (il faut insister en appuyant à nouveau sur la touche "move") ; et en sortie de mise en place d'une position sans dame, il râle parfois : "qu'est-ce que c'est que ça ? Où est ma dame ?

Tiger Grenadier

Année : 1998
Programmeur : Chrilly Donninger
CPU : SH7034 @20Mhz
ROM : 32Ko
Niveau Elo : 1841
(1773 FIDE)
CMhz : 23
Rperf : 94%
KT : 1541
Taille de case : 2,4cm

J'ai acquis ce Grenadier (60€ via Le Bon Coin) auprès d'un collectionneur, qui m'a prévenu : un style de jeu parfois déroutant, mais intéressant. En fait j'avais déjà lu des commentaires du même ordre, c'était donc une confirmation de l'un des intérêts qui m'ont poussé à l'ajouter à ma collection. Mes autres motivations : l'auteur, la marque et le processeur (un puissant et rapide Risc Super-H) non encore représentés dans ma collection. Il s'agit du seul échiquier électronique signé par C. Donninger (il existe également sous le nom de Genesis, en de rares exemplaires sous la marque Millennium, et le Sakkara Vega d'aspect différent utilise le même programme). Je n'ai jamais été un grand fan de Nimzo, dont je trouve le style de jeu quelconque ; mais je savais que j'allais trouver quelque chose de différent avec ce Grenadier. Sa spécialité ? Choisir des ouvertures peu pratiquées, puis enchaîner des coups surprenants crédités de scores optimistes (qu'aucun  moteur d'analyse ne confirme), plus tard déchanter d'un coup en reconnaissant un score négatif, et là reprendre un jeu plus sérieux et remonter son handicap peu à peu, pour obtenir une partie nulle sortie de nulle part, ou même gagner... Je qualifierais son jeu de spéculatif.
Une autre particularité du programme du Grenadier est de permettre d'ajuster son style de jeu en modifiant certains critères de son évaluation. Mon approche est de surtout préserver son style original, donc ne bouleverser aucun paramètre, tout en m'autorisant des ajustements marginaux. En déclencheur de tels ajustements, les gaffes que le programme peut commettre. Je cherche alors quel paramètre peut significativement influencer le choix et éviter la gaffe, réglé à quelle valeur au plus proche de la valeur par défaut. Ensuite, il s'agit de valider... Pour cela, j'utilise trois méthodes :
  - jouer quelques parties sous la "surveillance" d'un fort moteur d'analyse (usuellement, HIARCS 14). Lorsque le moteur détecte un coup sensiblement mal joué par le Grenadier, je reviens en arrière sur le coup, et fais réfléchir à nouveau le Grenadier avec la valeur standard du paramètre. Si le standard joue approximativement aussi mal, le nouveau paramètre est innocenté.
  - tournoi à huit parties contre des adversaires constants, que le Grenadier standard a terminé avec 4 points sur 8 (score équilibré). Une performance supérieure avec le nouveau paramétrage est évidemment bienvenue.
  - évaluation de la qualité de jeu basée sur la reproduction de cinq parties classiques, en jouant les blancs et les noirs, avec une note appréciée pour chaque coup. La performance globale est évaluée en "points Elo". Ici, peu importe la valeur intrinsèque obtenue, il s'agit de vérifier si le nouveau paramétrage produit un gain significatif (sinon, il vaut mieux l'abandonner pour préserver le style) ; et si le gain est suffisament équilibré entre les cinq parties (afin d'éviter de créer une faiblesse dans certaines situations). Ce test est proposé par Spacious_Mind et est téléchargeable ici.
Actuellement, mon meilleur paramétrage retouche deux valeurs : "Pawn" (structure de pions) augmenté de 0% à 2% et "Shield" (protection du roi)  augmenté de 20% à 25%. Extrait des résultats de mes tests "Spacious_Mind" (les meilleurs résultats par partie étant surlignés de jaune) :



Mise à jour : vieux de 10 ans, le test Spacious_Mind méritait d'être actualisé pour profiter des progrès des meilleurs logiciels, et je l'ai reconstruit basé sur Stockfish 16 et Dragon 3.3 (by Komodo). Le processus est décrit et le nouveau test téléchargeable ici. J'ai bien sûr requalifié les paramétrages ci-dessus à la lumière de ce test actualisé :


Le meilleur paramétrage reste le même.



Le manque de mise au point avéré de ce programme se traduit ici par un profil relativement irrégulier. Il est également atypique (comme on pouvait s'y attendre) avec des qualités d'attaque nettement supérieures à la défense, au contraire de la plupart des programmes. Je citais sa tendance à choisir des ouvertures peu pratiquées ; en facteur aggravant on voit sur ce graphe qu'il ne maîtrise pas bien la sortie de bibliothèque. Il n'est donc pas étonnant qu'il se retrouve fréquemment en situation difficile pour aborder le milieu de partie. Par contre, cette phase est son point fort, soutenu par de bonnes capacités tactiques et, ce qui est rare pour un échiquier électronique, une vision stratégique à la hauteur. C'est ici qu'il reprend le jeu sérieux que j'évoquais plus haut... et, éventuellement, qu'il place une contre-attaque pour renverser la situation préalablement compromise. Plus communément, il est faible en finale et ne connait pas grand-chose aux finales théoriques. Enfin, la capacité de calcul est décevante au regard de la puissance du processeur, ce qui contribue à expliquer son Rperf digne d'une catégorie en-dessous !

Saitek Turbo King II

Année : 1990
Programmeur : Julio Kaplan
CPU : 65C02 @5Mhz
ROM : 64Ko
Niveau Elo : 1889
(1809 FIDE)
CMhz : 5
Rperf : 104%
KT : 1506
Taille de case : 2,5cm

Pour un programme Kaplan fort, j'avais hésité entre le Tandy Chess Champion 2150 et le Turbo King, et opté par raison pour le Tandy : plus à ma portée à la fois financièrement et en niveau de jeu. Mais la séduction du Turbo King ne s'était pas totalement éteinte... Alors lorsque j'ai vu passer ce bel exemplaire proposé à 30€ sur Le Bon Coin, sans son emballage d'origine mais avec ses pièces, son manuel et sa housse, j'ai craqué... En général, il faut mettre un peu plus de 100€ pour cette machine ! Elle n'avait pas l'extension EGR (End Game ROM) mais les tests que j'ai menés ont montré que sa version logicielle est la "D+" ; sensiblement différente et plus performante que la "B" du Tandy. En outre, le programme de Julio Kaplan intégrant beaucoup de savoir échiquéen a besoin de temps de calcul pour donner sa pleine mesure, il gagne beaucoup à tourner à 5Mhz plutôt que 3 sur le Tandy. Avec de l'ordre de 150 points "Elo" de plus, le Turbo King ne fait résolument pas doublon dans ma collection !



Le Turbo King II gère parfaitement la transition en sortie de bibliothèque d'ouvertures, et enchaîne ensuite sur un bon jeu de milieu de partie soutenu par ses capacités tactiques (repérer les menaces, calculer, défendre et contre-attaquer) : des qualités souvent démontrées par les échiquiers électroniques. Pour un programme réputé favoriser les connaissances échiquéennes, et de ce fait relativement lent (de l'ordre de 310 positions analysées par seconde), sa méconnaissance des finales théoriques et sa faiblesse relative en jeu positionnel (stratégie) sont décevantes. Comparé aux autres versions du programme Kaplan, en neutralisant l'effet des puissances processeurs différentes, sa vitesse de calcul est à mi-chemin entre la version "B" du Tandy 2150 et la version très allégée du Saitek Blitz. Cette version D+ a donc probablement été allégée en connaissances pour accélérer sa fonction d'évaluation, et ainsi gagner en profondeur d'analyse. Le résultat est loin d'être inintéressant, son profil est très similaire (en moins fort bien sûr) à celui du Mephisto Berlin, avec lequel il partage une certaine passivité (attaque). Sachant la domination des programmes Lang, tendre vers leur profil fait du sens. Un mini-Berlin/Vancouver en somme, sans toutefois leur force en finale !

Novag Constellation Expert

Année : 1985
Programmeur : Dave Kittinger
CPU
65C02 @5Mhz
ROM : 64Ko
Niveau Elo : 1901
(1818 FIDE)
CMhz : 5
Rperf : 104%
KT : 1685
Taille de case : 4cm

Quel bel échiquier électronique ! (acquis sur eBay, complet et parfaitement fonctionnel, pour 350€). C'est le premier réalisé en bois par Novag, impressionant de par sa taille et sa qualité de fabrication. Il est l'héritier direct du Super Constellation de 1984, auquel il doit son titre "Expert". Pour la petite histoire, Novag a soumis son Super Constellation à l'évaluation officielle de la récente Computer Rating Agency (une émanation de l'U.S.C.F., fédération US des échecs) ; il obtiendra ce titre d'Expert après 40 parties en conditions de tournoi face à des joueurs classés, et un score de 55% contre une opposition moyenne de 1982 Elo (soit une performance de 2018 points Elo). Le processus de classement officiel de la C.R.A. étant facturé 2000$ (une somme importante à l'époque, ce qui explique que peu de constructeurs y feront appel), Novag tentera de rentabiliser au mieux ce titre en réutilisant le programme du Super Constellation dans cette variante luxueuse et légèrement améliorée. Si certains Experts ont été cadencés à 4Mhz comme le Super Constellation, il a vite été disponible en 5Mhz, ou même 6Mhz. La ROM passe de 56 à 64Ko, la possibilité de programmer des ouvertures disparait mais le programme gagne en capacité de profondeur de calcul, propose plus de réglages de niveaux de jeu, et progresse dans le jeu positionnel. Mais le plus important est qu'il hérite pleinement des algorithmes PSH qui ont fait la renommée de son prédécesseur : il s'agit des Pre-Scan-Heuristics. Cela consiste à analyser la position avant de descendre en profondeur dans l'arbre des coups, afin d'identifier des schémas d'attaque potentiels, des positions désirables pour les pièces, pour ensuite attribuer les bonus correspondants aux positions qui seront évaluées classiquement par analyse d'arbre des coups. L'avantage de cette approche PSH est de ne pas réitérer l'analyse de ces éléments positionnels clés à chaque position dans l'arbre, le coût en temps de calcul en serait dissuasif ; l'inconvénient est que plus le programme descend en profondeur de recherche, plus la position résultante s'éloigne de l'initiale, et donc la pertinence de l'analyse PSH décroît. Au-delà d'une certaine profondeur d'analyse, il est probable qu'elle devienne même contre-productive ; l'évolution à la hausse des performances des ordinateurs la condamnera donc à disparaître. Dans son contexte historique, elle confère au programme d'excellentes capacités d'attaque, y compris de sacrifices, et notamment en jeu rapide où des coups intuitifs pour un joueur humain peuvent être joués sans besoin d'une analyse tactique. Le programme sera d'ailleurs surnommé "Blitz Monster" suite au  tournoi de blitz de mars 1984 à Hong Kong, où le Super Constellation marquera 19 points sur 28, dont 5 face à des MIs (maîtres internationaux, classés entre 2355 et 2474 Elo !). Par contre, face à la concurrence d'autres échiquiers électroniques, le programme peut voir ses initiatives "intuitives" punies par la force de calcul tactique adverse, et Novag et Kittinger abandonneront l'approche (ou la rendront beaucoup plus discrète) avec les successeurs (Super Expert/Super Forte). Le programme expérimental a subi un échec cuisant au WMCCC de 1985 à Amsterdam (championnats du monde d'échecs sur micro-ordinateur) : triplement représenté (sous les noms de Monster-C, Monster-X et Monster-Y), il termine en 5ème, 13ème et 16ème positions sur 16 participants. Si Novag a largement communiqué ne pas se soucier des performances contre d'autres machines et privilégier l'intérêt du jeu pour l'adversaire humain, le coup est rude et on peinera à reconnaître le jeu spectaculaire des algorithmes PSH dans les successeurs des Super Constellation et Constellation Expert. De ce fait, le Constellation Expert représente l'apogée du PSH ! Eric Hallsworth le décrit ainsi dans son périodique Selective Search n° 10 d'octobre/novembre 1986 : "Inventif. Je suis sûr que la plupart d'entre vous savent que l'Expert est programmé pour rechercher des complications, prendre des risques, créer des alternatives désagréables pour mettre à rude épreuve l'esprit humain, etc.". Plus personnellement, si je n'ai largement pas le niveau pour résister à l'Expert, j'ai souvent l'impression de comprendre ses coups ; même si je ne les aurais pas moi-même trouvés j'en devine l'idée et comprends l'intérêt. Dans certains cas, les algorithmes PSH permettent ce qui ressemble à un plan à court ou moyen terme, dans lequel le programme s'engage sans plus de validation tactique ; une approche finalement très humaine et autant susceptible de réussir que d'échouer - là encore conférant un aspect très humain au jeu. L'absence d'affichage ne permet pas de réaliser le test de Khmelnitsky, par contre je trouve l'échiquier encore plus beau sans, par comparaison aux successeurs Super Expert et Diablo. Les pièces aussi contribuent à la beauté de cet échiquier, des photos sont disponibles dans cette page.



Voilà qui contredit l'affirmation ci-dessus au sujet du test de Khmelnitsky ! En fait, si l'Expert ne dispose d'aucun affichage, une imprimante peut y être connectée. Je n'en possède pas, mais j'ai fait un appel à contribution d'autres collectionneurs pour obtenir un échantillon de scores sur des positions simples, et je remercie encore Olivier pour son aide précieuse. L'astuce que j'ai ensuite utilisée a consisté en la reproduction de ces positions sur l'émulateur de Franz (basé sur MESS) en mode "debug", et la recherche minutieuse en RAM des valeurs de score. Ce fut un travail de fourmi (une douzaine d'heures !) car bien sûr le score imprimé en décimal est codé en RAM en hexadécimal, et la méthode d'encodage m'était inconnue. Au final, j'ai identifié la localisation de l'information et je me suis créé une formule de conversion dans un tableur, dont le résultat reflète parfaitement l'échantillon de contrôle initialement imprimé. Et voilà !
Le profil de compétences est un peu atypique, je n'en attendais pas moins d'un programme doté d'algorithmes PSH. Le fait marquant est la mesure de pertinence de la stratégie, alors que ce domaine est usuellement faible pour nos échiquiers électroniques. Avec 1939 points au test, l'Expert se permet de faire mieux dans ce domaine que la plupart des machines de la catégorie au-dessus ; en fait seul le King Performance a fait mieux. Même un joueur humain de niveau global équivalent (1685 Elo) est nettement dominé dans cette dimension, ce qui est très inhabituel. Cette particularité est partagée avec une autre machine du même auteur, le plus modeste Beluga. Serait-ce un marqueur de la présence d'algorithmes PSH chez le Beluga ? Une autre particularité de l'Expert, confirmée par le test, est d'être preque autant à l'aise pour attaquer que pour contre-attaquer (on s'y attendait, au vu du style de jeu !). Ce n'est pas la précision de ses calculs qui lui confère sa force, qui baisse en fin de partie avec notamment une méconnaissance des finales théoriques.

Novag Emerald Classic

Année : 1996
Programmeur : Dave Kittinger
CPU : H8 @26,6/2Mhz
ROM : 32Ko
Niveau Elo : 1975
(1878 FIDE)
CMhz : 8,65
Rperf : 106%

KT : 1755
Taille de case : 2,8cm

Les 32K de ce programme Kittinger associés au H8 poussé à 13,3Mhz au niveau de sa CPU valent à cette machine un niveau de jeu tout proche de la première catégorie. Au coude à coude en performance statistique avec le GK 2000 ci-dessous, il le surpasse sur le plan du savoir-faire échiquéen, complet dans toutes les phases du jeu. Son style de jeu est un peu passif, plutôt positionnel avec souvent deux issues : si son adversaire lui tient la dragée haute, son jeu a tendance à s'éteindre doucement, et l'Emerald Classic finit par perdre ou faire nulle sans avoir fait grand-chose. En revanche s'il prend un avantage, il se met à attaquer de manière assez convaincante et gagne. Voilà qui me fait penser au Carnelian II, même si ce dernier joue deux catégories en dessous ! C'est aussi un très bel objet, bien fini, avec l'inconvénient tout de même de sa fenêtre d'affichage LCD reléguée un peu loin des yeux et, surtout, orientée à plat ce qui la rend malaisée à lire, sauf à disposer l'échiquier sur une table basse. Je l'ai acquis pour 85€ bien justifiés.



Avant de réaliser les tests de Khmelnitsky, j'avais détecté plus de savoir-faire échiquéen dans ce programme, comparé à son rival GK2000. Eh bien, c'est confirmé, avec plus de 100 points KT de mieux ! Par contre, je le pensais complet, alors que le test révèle une faiblesse en ouverture et finale, et notamment une méconnaissance des principes théoriques relatifs aux finales. Le profil de compétences est relativement atypique, car si la solidité tactique et l'aptitude à repérer les menaces sont usuelles pour des programmes, la faiblesse en défense
mise ici en évidence est surprenante (au niveau de l'Excellence et du Systema Challenge, soit une catégorie en dessous !). Voilà qui est cohérent avec la perception que je mentionnais d'un jeu "éteint" sous domination. La faiblesse en attaque confirme l'impression de passivité (mais cette caractéristique est assez universelle) tandis que l'aptitude à contre-attaquer est particulièrement marquée. Son domaine d'expertise, c'est le milieu de partie...

Saitek GK 2000

Année : 1992
Programmeur : Frans Morsch
CPU : H8 @20/2Mhz
ROM : 16Ko
Niveau Elo : 1994
(1896 FIDE)
CMhz : 6,5
Rperf : 108%

KT : 1648
Taille de case : 2,5cm

Un 16K au milieu des 32K et plus ! J'ai acquis cette machine nue (sans pièces, adaptateur secteur, manuel ni emballage d'origine) pour un prix sans doute un peu élevé sur le eBay Allemand (70€). Elle fonctionne heureusement parfaitement, et a finalement hérité des pièces d'origine du Saitek/Mephisto Chess Challenger 10Mhz. J'étais impatient d'ajouter à ma collection un micro-contrôleur H8 ; je n'en avais alors aucun. Ici cadencé à 20Mhz en horloge externe retraitée par un diviseur pour 10Mhz utiles à la CPU, la puissance de calcul surpasse celle d'un 6502 à 6Mhz. Le programme de Frans Morsch est impressionnant de force tactique, il dérive de Fritz 1 et profite parfaitement de la vitesse de calcul du H8, pour un style qui reste typé des ordinateurs, avec quelques faiblesses stratégiques. C'est le grand frère du Mephisto Europa, et le plus fort programme 16K !




Très bon en sortie de bibliothèque, ce qui lui permet de débuter ses parties sur des bases saines, son niveau revient assez médiocre en milieu de partie et finale, avec notamment une très faible maîtrise des finales théoriques. Ce n'est ni un grand stratège, ni un grand calculateur ; et encore moins un grand attaquant. En revanche, il repère bien les menaces et les schémas tactiques, pour contre-attaquer puissament. Ne faites pas d'erreur, et vous le vaincrez en finale !



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