Salut !Salut ! Voici mon avis sur ma MZ 1000S.

Commençons pas mes motivations d'achat : j'aime les  bicylindres, architecture de la moitié des motos que j'ai choisies ( les autres étant des p'tits monos, hormis un gros 4-pattes ). Et tous ont été des twins verticaux, hormis un flat ; essayer ce concept poussé loin en termes de cylindrée et modernité me tentait. J'avais bien essayé une 850 TDM à l'occasion, mais l'avais trouvée trop haute, trop banale et manquant un peu de caractère côté motorisation : trop veloutée à mon goût. Mon 1200 Bandit, très belle et bonne moto, me lassait : marre de croiser la même à chaque coin de rue ( avec ce raisonnement anticonformiste, je sens que je vais finir avec un truc genre un Oural attelé, faut qu'j'arrête ! ) ; et si sa motorisation est une réussite d'efficacité et sa capacité d'accélération copieuse, je la trouvais trop "gant de velours" autour de la "main de fer". Puissante, mais douce.
Venons-en à la marque : MZ. Les japs font technologiquement plus fort ? Oui, mais en trois ans avec une 250 ETZ j'ai plus de souvenirs marquants qu'en six avec le Bandit, c'est un fait ! Et côté technologie, MZ bosse vraiment bien, de toutes façons ils n'ont pas le choix : avec la concurrence directe ou importée sur le marché européen, ils ont été obligés de se mettre au niveau. Après un an d'utilisation au quotidien de la petite MZ 125RT, je parle en connaissance de cause. Voilà un p'tit mono plein de peps et de caractère ! Il n'y reste aucune trace des anciennes productions deux-temps, hormis les aptitudes routières : tous les standards de qualité ont fait un bond en avant de trente ans, sur tous les composants. La pérennité de la marque ? Contre vents et marées, ça fait un paquet d'années que ça tient ; même en jouant de la fibre nationale j'ai plus confiance dans la durabilité de MZ que de Voxan, par exemple.
Le look : splendide. L'agressivité d'un avion furtif, avec le mélange des rondeurs et ruptures de lignes. Un look viril, comme taillé à la hache puis fini avec art. Très sobre également, une beauté un peu austère, très germanique, qui me plaît beaucoup : j'aime pô les mélanges de couleurs genre tranches napolitaines, ni les formes torturées ...
Le prix : aïe. Environ 12.500 roros au catalogue, ça la met en concurrence sévère avec de bien belles machines, y compris d'autres européennes de caractère. Mais la promo ( de fin d'année sur le modèle 2004, ou plus durable ? ) de 15% offerte par l'importateur me l'a ramenée à environ 10.600 roros, un prix cette fois parfaitement ciblé pour la rendre concurrentielle.
L'usage : bah n'ayons pas honte de le dire, c'est pour le plaisir avant tout. Pas d'usage utilitaire en vue, je fais la grosse majorité de mes trajets en zone urbaine, la 125 est là pour ça ( ce qui n'exclut pas le plaisir avec la petite RT, dévergondée par l'excellente préparation de Performance Motos ). Il m'arrive tout de même encore de voyager, je choisirai "la grosse" bien sûr dans ce cas, et la lecture de divers essais m'a laissé entendre que sa position de conduite, intermédiaire entre sportive et routière, restait suffisament confortable pour cela. Mais le gros de l'utilisation sera quand le beau temps donne envie d'une virée, sans but particulier ( ou alors, juste un prétexte ! ), sur des routes peu fréquentées ni par les caisses, ni par les radars, et pas trop rectilignes de préférence ( note : j'inclus le froid sec dans la case "beau temps", pour ceux qui me prendraient pour un estival ... ).
Premier contact : contrairement à la 125, je n'ai pas eu de souci pour faire la carte grise ( cf mes mémoires ) ; mais pas de chance, je la récupère un soir de pluie, début décembre, il fait nuit et je dois traverser Paris d'ouest en est pour rentrer. Il est environ 18 heures, les embouteillages sont à leur comble et accrus comme d'hab par la pluie. Avec une moto inconnue, pneus neufs, plaquettes de freins idem, je ne faisais pas le fier. D'autant que à l'évidence, elle n'est pas faite pour jouer les utilitaires en zone urbaine ! Au programme, outre la cylindrée qui est un handicap général dans cet usage, il y a un braquage réduit par les demi-guidons, même si les évidements du réservoir dégagent un peu de place ; la hauteur de selle relativement importante qui ne met pas en confiance pour manoeuvrer à basse vitesse ( je mesure 1,71m ), le gros twin qui cogne sous 3000t obligeant à doser souvent avec l'embrayage, lequel s'avère ferme. Malgré l'habitude de la moto au quotidien, ma main gauche frise la tétanie, je fais des exercices pour soulager les doigts à chaque arrêt. Le ventilateur déclenche fréquemment, à chaque fois que la jauge de température atteint sa marque maxi, ce qui me cause du souci pour mon moteur en rodage. Enfin, le frein arrière me semble quasi absent. Ouf, heureusement que j'ai la 125 pour ça ! Une fois rentré, à la lecture du  manuel, je vois qu'il n'y a alerte sur la température que si toutes les marques de la jauge sont allumées et clignotent. Soulagement. Je prends aussi le temps de mieux régler l'écartement du levier d'embrayage, il était au maxi : une fois le débattement un peu réduit pour ma petite main, ça s'est avéré nettement moins fatiguant. A noter que après une centaine de kilomètres, le frein arrière s'est progressivement mis à répondre présent : sans doute des plaquettes ( et disque ?) sensibles au rodage.
Dès ce premier trajet, je m'aperçois que la MZ attire les regards. Jusqu'à ce couple qui traverse devant moi, arrêté au feu rouge ; l'homme regarde la MZ du coin de l'oeil, puis réalise soudain qu'il voit quelque chose de pas banal, il s'arrête de marcher et tourne franchement la tête. Sa femme l'agrippe par le bras et le tire jusqu'au trottoir, mais il ne quitte pas la MZ des yeux et s'arrête à nouveau. Je redémarre en rigolant !
J'ai passé la moitié de la soirée dans le parking, à l'admirer. J'ai fini par remonter chez moi, mais j'ai trouvé un prétexte pour redescendre quelques minutes après, et rester encore un long moment avant de la laisser !
Mes sorties suivantes ont été bien plus agréables, sur des trajets sélectionnés et à des heures de circulation moins dense. Les qualités de la MZ commencent à émerger. D'abord, dès le démarrage, le son :
ONOFF
grave et plein comme on peut l'attendre d'un gros twin. Pas envahissant non plus, les deux silencieux sont beaux et efficaces ( remarque : les versions de pré-série étaient équipées d'un deux-en-un, sortie à gauche ). Ensuite, les vibrations : ça bouge, ça vit là-dessous !  La première claque un peu quand on l'enclenche à l'arrêt, mais nettement moins que sur le 1200 Bandit ; ensuite en roulant tous les rapports s'enchaînent avec rapidité et précision : la boîte est absolument nickel, même pas encore rodée. Je ne détecte pas, sur mon exemplaire, la dureté évoquée dans son essai par A. Cathcart sur les premiers rapports. Le moteur est un point fort, malgré la limitation à 5000, puis 5500t des 100 et 500 premiers kilomètres, il a exactement le genre de "patate" que je voulais. Il n'est probablement pas exceptionnel, d'autres gros twins en donnent certainement autant, mais comparé au 1200 Bandit qui était ma référence, il "cause" autrement fort. Attention, je ne parle pas du chrono et de ses chiffres sur papier glacé : je parle des sensations, de ce qui se jauge avec les tripes et l'adrénaline. C'est effectivement rugueux, rapeux à bas régime, et avec plus de tours ça devient ... copieux. Tiens, je vais oser une comparaison pour aider à comprendre. Prenons un quatre pattes, très bonne moto, d'ailleurs une des meilleures ventes de ces dernières années : la Yam 600 Fazer. J'ai essayé, par curiosité, et de toutes façons j'aime bien toutes les motos. Eh bien côté agrément moteur, la Fazer serait un fromage industriel fait au lait pasteurisé, quand la MZ serait un fromage fermier au lait cru. Le premier convient à tous par son goût doux voire neutre, remplit son office tous les jours, ne ménage ni bonne ni mauvaise surprise, ne coûte pas trop cher. Le second est en petite production, coûte plus cher, il y a une part d'inconnue sur son affinage et sa conservation, les enfants ( et les Américains ! )  trouvent qu'ils sent trop fort et préfèrent ne même pas le goûter. Et pourtant, c'est là qu'est la vraie saveur ! En fait j'ai médit, j'ai trouvé au moins un ricain qui apprécie le fromage qui pue ...
Ami motard qui roule en 600 Fazer, pas taper moué : si je devais n'avoir qu'une moto, et que je devais donc trouver un compromis pour un usage au quotidien, je choisirais sans hésitation la Fazer plutôt que la MZ !
L'inconvénient évident de ce moteur, c'est sa tendance à cogner, voire pilonner aux bas régimes. A l'accélération j'évite assez aisément la zone sous 3000t, en revanche il faut plus d'attention pour exploiter l'excellent frein moteur, c'est tentant de le laisser descendre car plus ça va plus ça freine, mais soudain ça se met à hoqueter sévèrement si je n'y prends pas garde. Heureusement que la boîte est très agréable, car il faut en jouer. Il semblerait qu'un espoir existe d'améliorer ce point, en retouchant la cartographie d'injection : à suivre donc. J'ai pour le moment une seconde interrogation avec ce moteur : sa consommation. Mes deux premiers réservoirs vidés ont montré une conso de 8,5 litres aux cent, soit j'estime deux litres de trop compte-tenu du régime de rodage. OK, sur le premier réservoir j'ai fait pas mal de ville, mais j'ai vidé le second majoritairement sur petites routes ! A bon rythme tout de même dans certaines portions, car même limité à 5500t, en emmenant de 4000 à 5200 tours généralement, la vitesse oscillait entre 115 et 150km/h si je passais la six. Pour revenir aux vitesses légales ( pas facile ! ), il me fallait rouler en quatre ... Logiquement, le rodage devrait améliorer les choses côté consommation, mais l'exploitation de la seconde moitié du compte-tours, non ! Encore un point à suivre, donc.

je prends les deux !La partie cycle mérite aussi un commentaire. Encore plus que le moteur, c'est un point fort de la MZ. Le cadre est un bijou de rigidité, et les suspensions sont de qualité. Je n'avais jamais essayé de moto qui passe aussi naturellement en grandes courbes. Facile à mettre sur l'angle, elle s'avère ensuite très stable ; toutes mes autres motos montraient un peu de flou ou demandaient à ce qu'on les maintienne, par exemple en poussant un peu d'un côté du guidon, avec la MZ rien de tout cela. La courbe passe aussi aisément qu'un tronçon droit. Dans les petits zigouigouis, il faut s'en occuper un peu plus, la MZ n'est ni légère ni vive ; mais la position convient parfaitement, permettant notamment de "sortir" facilement d'un côté ou de l'autre de l'ensemble selle-réservoir. Les bosses sont bien gérées par les suspensions, mais comme "ça passe" bien, il est du coup tentant de passer vite, et on finit par être secoué malgré la belle progressivité. Une auto surgissant brusquement m'a involontairement permis de tester un gros freinage. Ouch, ça freine ! Plus que le 1200 Bandit en tous cas, je fais référence à ce que je connais le mieux.

Bon, et après ça évolue comment ?
Eh bien sans aucun doute, la moto se bonifie nettement avec le rodage. A l'approche des 1000 km et de la première révision, les accès d'humeur à bas régime se sont sensiblement atténués. Bien sûr, il y a dans ce ressenti une part d'accoutumance du pilote, l'habitude permettant, à l'oreille, d'anticiper l'approche de la zone de régime trop basse pour le rapport en cours. Mais cela n'explique pas tout, et au-delà du subjectif il y a aussi la baisse significative de la consommation : 7,3 litres mesurés sur plusieurs pleins à comparer aux 8,5 initiaux ; alors que le moteur accède aux 7000 t/mn dans cette phase de rodage, contre 5500 initialement. Une zone de régimes sans doute de meilleur rendement, mais que je n'ai utilisée ni fréquemment, ni longtemps sur mes parcours à base de petites routes. J'en conclus que les frottements internes ont diminué avec la "libération" du rodage, et que cela a bénéficié à la régularité à bas régime (il n'y a eu aucun changement de réglage, côté injection ou autre).
J'avais signalé que la hauteur de selle pouvait ne pas mettre en confiance pour manoeuvrer à basse vitesse, je confirme : j'ai réussi à faire une petite chute à l'arrêt, en redémarrant d'une zone bosselée en bord de route, où je m'étais arrêté pour faire quelques photos. Le genre de truc qui ne m'était pas arrivé depuis des années, et voilà c'est pour ma belle moto toute neuve !  J'en ai eu mal au ventre plusieurs heures (et bobo à l'amour-propre, aussi !). Bilan une fissure en Y du flanc de carénage, autour du cligno qui a porté au sol, et l'extrémité du levier d'embrayage cassée (le trait de fracture préventive a fait son oeuvre et protégé le reste du levier). Pour ce qui est du carénage, c'était réparé dès le lendemain, grâce aux explications trouvées sur le web (merci à l'auteur !). J'ai découvert à cette occasion que le carénage (ABS) est fabriqué par Acerbis, une marque de qualité. La réparation est solide, c'est l'essentiel, et suffisament discrète à mes yeux (je ne suis pas très doué en peinture et vernis, donc ça se voit, mais je ne suis pas maniaque non plus !). Côté pièces, le clignotant était dispo immédiatement en concession, et l'importateur a fourni le levier d'embrayage en deux/trois semaines. C'est très raisonnable, pour une moto vendue en France en trois exemplaires en 2004 ! D'autant que je n'avais mis aucune pression, le levier ayant "perdu la boule" restant tout à fait utilisable, je souhaitais juste le changer "à l'occasion".
Après 1500km parcourus, la conso continue à baisser peu à peu ; régulièrement sous 7l désormais, avec 6,3l/100 dernièrement mesurés. Voilà qui devient très raisonnable, et cohérent avec les chiffres annoncés dans certains essais de presse. Et lors d'une sortie autoroutière ( j'ai emmené "ma grosse"  à la dernière manche du mondial SBK à Nevers Magny-Cours, lire l'article ) j'annonce un record à 5,33l ; à vitesse stabilisée et réglementaire !

Question pratique : que faire de son U ? Pas de place sous la selle, mais le support de plaque en alu est bien costaud et voici comment je l'utilise depuis le début, sans souci à signaler :


Passer le U dans le support, le fermer puis le remonter sous le feu ; un sandow  pour le plaquer en position levée (pris sur chaque support de repose-pied passager), c'est tout ! La taille du U que j'utilise : 12,8cm de large, bords extérieurs du caoutchouc compris, taille maximale pour passer sous le feu arrière. La longueur hors tout du U fermé est de 38cm. La serrure de l'ouverture de selle reste utilisable.

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